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Non-respect du prix d’achat bord champ du cacao: le conseil café-cacao mis en cause

Mis à jour le 14 mars 2019
Publié le 14/04/2017 à 4:45

Le prix fixé pour la campagne intermédiaire n’est pas respecté sur le terrain ce qui va entrainer des difficultés. Les acteurs du secteur  accusent le conseil café cacao.

« Le problème c’est le conseil café cacao qui le crée »  a indiqué Angahi Marcel directeur d’union coopérative de Duekoué joint par Politikafrique.info à propos du non-respect du prix d’achat bord champ du cacao fixé à 700 FCFA  par le conseil café-cacao (CCC) pour la campagne intermédiaire. Et de mentionner qu’aucune précision n’a été faite par le conseil café cacao lors,  de l’annonce du prix.  Pour lui cette structure aurait dû préciser par exemple laquelle des fèves « le grenage 100 » qui est de meilleure qualité  ou celui du « 130 à 160  grenage » qu’on trouve souvent durant la campagne intermédiaire est acheté à 700f /kg sur le terrain.
 «  Je crains que si nous faisons une autre  mauvaise campagne de ce genre, toutes les plantations de cacao ne soient transformées par d’autres cultures. » Et de préciser qu’ « à la longue la Côte d’Ivoire va perdre son rang  de premier producteur mondial si nous ne changeons pas la manière de traiter les producteurs ».

Pour lui ce non-respect de prix d’achat va causer «  une  paupérisation générale des producteurs de cacao ». Il mentionne également que ceux –ci se sentent abandonnés par le gouvernement «  qui ne fait rien pour eux ». Pour lui, vu que ce n’est pas le gouvernement qui paye le produit  alors il faut que le gouvernement résolve les problèmes de la filière avant de fixer le prix auquel l’on devrait  acheter le cacao.

Une source proche de l’organisation  mondiale  des cultivateurs de  cacao  (OMCC) qui a voulu garder l’anonymat  explique que c’est pour le bénéfice  que l’on exerce une activité commerciale. « Elle doit donc être d’abord  viable rentable puis  équitable» précise-t-il.   Pour lui, dans toute activité  où il n’ y a pas de profit  est vouée à l’échec. Pour lui si toutes ces conditions ne sont pas réunies  l’activité ne sera pas durable à la longue d’où la disparition de cette activité. Il explique  que si dans la filière café-cacao  qui est une chaine « certains acteurs n’y trouvent pas leur intérêt, la chaine va se rompre ou certains acteurs disparaitront », fait –il savoir quant à la mauvaise gestion de cette crise.

Maxime Sako consultant en gestion analyste  économique et financier s’interroge. « Le conseil se fixe des objectifs par rapport à sa mission  mais quels sont les moyens dont disposent le conseil café cacao pour faire appliquer  cette décision ?  C’est cela le nœud du  problème », croit-il.

Selon lui, le prix  fixé n’est pas respecté parce que l’on est au niveau d’une  matière première. Et qu’il y a le marché international où le prix n’est jamais respecté et le marché interne où le prix ne sera jamais respecté « parce qu’il y a des réalités économiques » indique-t-il. Il souligne que c’est dommage que les producteurs acceptent de vendre leurs produits à des prix dérisoires  mais que le prix du cacao fluctue selon la condition économique et selon les attentes des producteurs « si les producteurs traversent des difficultés ils vont vendre leur cacao à vil prix »  Pour lui « L’intermédiaire économique ne fait que profiter de la situation…  les pisteurs n’attendent que des faiblesses pour agir » . Pour lui c’est à ce moment-là que l’on voit  des conséquences de la disparition du fonds de compensation.

Il propose donc qu’a travers cette crise le pays envoie un signal fort au monde entier pour dire  que la gestion de cette filière est transparente par la  mise en place  d’un ministère du café cacao. « Le cacao est la manne de la Cote d’Ivoire qu’on doit sécuriser.  Il  faut transformer le conseil café-cacao en un  ministère du café cacao ».  Il estime que s’il y a un ministère du tourisme ou de la jeunesse et des sports pourquoi ne pas consacrer un ministère à un secteur qui participe à 40% au budget du pays.

Pour lui le ministère  qui est un organe régalien et souverain  n’est pas sous tutelle. Il précise que ce ministère peut avoir une police avec laquelle travailler  tout en prenant exemple sur la police de la  société des transports abidjanais (sotra)  qui fonctionne avec sa propre police.

Lors d’une conférence de presse le  11 avril 2017 à la Caistab au plateau la directrice général du conseil café-cacoa  (CCC) Massandje Touré-Liste avait mise en garde les acheteurs de café  et de cacao. «  Nous entendons que le prix garanti fixé à 700fcffa / kg n’est pas respectée. Faites attention parce que celui qui se fera prendre ne devra s’en prendre qu’à lui-même. Nous ne sommes plus dans une période de prix indicatif, mais plutôt de prix garanti ».
Et d’énumérer  les sanctions auxquels les  acheteurs véreux seront soumis : « … Au paiement du complément de prix, à la saisie  des tonnages se trouvant  en entrepôt  au profit  du conseil café-cacao, au retrait de son agrément pour une période de trois ans, sans préjudice des poursuites pénales »

La Côte  d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao. En 2016  sa production était estimée à 1548014 T.
Le budget de la Côte d’Ivoire sera réduit de  43 milliards avec la baisse du prix de cacao sur le marché.
Raïssa Yao

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