Le prix fixé pour la campagne intermédiaire n’est pas respecté sur le terrain ce qui va entrainer des difficultés. Les acteurs du secteur accusent le conseil café cacao.
« Le problème c’est le conseil café cacao qui le crée » a indiqué Angahi Marcel directeur d’union coopérative de Duekoué joint par Politikafrique.info à propos du non-respect du prix d’achat bord champ du cacao fixé à 700 FCFA par le conseil café-cacao (CCC) pour la campagne intermédiaire. Et de mentionner qu’aucune précision n’a été faite par le conseil café cacao lors, de l’annonce du prix. Pour lui cette structure aurait dû préciser par exemple laquelle des fèves « le grenage 100 » qui est de meilleure qualité ou celui du « 130 à 160 grenage » qu’on trouve souvent durant la campagne intermédiaire est acheté à 700f /kg sur le terrain.
« Je crains que si nous faisons une autre mauvaise campagne de ce genre, toutes les plantations de cacao ne soient transformées par d’autres cultures. » Et de préciser qu’ « à la longue la Côte d’Ivoire va perdre son rang de premier producteur mondial si nous ne changeons pas la manière de traiter les producteurs ».
Pour lui ce non-respect de prix d’achat va causer « une paupérisation générale des producteurs de cacao ». Il mentionne également que ceux –ci se sentent abandonnés par le gouvernement « qui ne fait rien pour eux ». Pour lui, vu que ce n’est pas le gouvernement qui paye le produit alors il faut que le gouvernement résolve les problèmes de la filière avant de fixer le prix auquel l’on devrait acheter le cacao.
Une source proche de l’organisation mondiale des cultivateurs de cacao (OMCC) qui a voulu garder l’anonymat explique que c’est pour le bénéfice que l’on exerce une activité commerciale. « Elle doit donc être d’abord viable rentable puis équitable» précise-t-il. Pour lui, dans toute activité où il n’ y a pas de profit est vouée à l’échec. Pour lui si toutes ces conditions ne sont pas réunies l’activité ne sera pas durable à la longue d’où la disparition de cette activité. Il explique que si dans la filière café-cacao qui est une chaine « certains acteurs n’y trouvent pas leur intérêt, la chaine va se rompre ou certains acteurs disparaitront », fait –il savoir quant à la mauvaise gestion de cette crise.
Maxime Sako consultant en gestion analyste économique et financier s’interroge. « Le conseil se fixe des objectifs par rapport à sa mission mais quels sont les moyens dont disposent le conseil café cacao pour faire appliquer cette décision ? C’est cela le nœud du problème », croit-il.
Selon lui, le prix fixé n’est pas respecté parce que l’on est au niveau d’une matière première. Et qu’il y a le marché international où le prix n’est jamais respecté et le marché interne où le prix ne sera jamais respecté « parce qu’il y a des réalités économiques » indique-t-il. Il souligne que c’est dommage que les producteurs acceptent de vendre leurs produits à des prix dérisoires mais que le prix du cacao fluctue selon la condition économique et selon les attentes des producteurs « si les producteurs traversent des difficultés ils vont vendre leur cacao à vil prix » Pour lui « L’intermédiaire économique ne fait que profiter de la situation… les pisteurs n’attendent que des faiblesses pour agir » . Pour lui c’est à ce moment-là que l’on voit des conséquences de la disparition du fonds de compensation.
Il propose donc qu’a travers cette crise le pays envoie un signal fort au monde entier pour dire que la gestion de cette filière est transparente par la mise en place d’un ministère du café cacao. « Le cacao est la manne de la Cote d’Ivoire qu’on doit sécuriser. Il faut transformer le conseil café-cacao en un ministère du café cacao ». Il estime que s’il y a un ministère du tourisme ou de la jeunesse et des sports pourquoi ne pas consacrer un ministère à un secteur qui participe à 40% au budget du pays.
Pour lui le ministère qui est un organe régalien et souverain n’est pas sous tutelle. Il précise que ce ministère peut avoir une police avec laquelle travailler tout en prenant exemple sur la police de la société des transports abidjanais (sotra) qui fonctionne avec sa propre police.
Lors d’une conférence de presse le 11 avril 2017 à la Caistab au plateau la directrice général du conseil café-cacoa (CCC) Massandje Touré-Liste avait mise en garde les acheteurs de café et de cacao. « Nous entendons que le prix garanti fixé à 700fcffa / kg n’est pas respectée. Faites attention parce que celui qui se fera prendre ne devra s’en prendre qu’à lui-même. Nous ne sommes plus dans une période de prix indicatif, mais plutôt de prix garanti ».
Et d’énumérer les sanctions auxquels les acheteurs véreux seront soumis : « … Au paiement du complément de prix, à la saisie des tonnages se trouvant en entrepôt au profit du conseil café-cacao, au retrait de son agrément pour une période de trois ans, sans préjudice des poursuites pénales »
La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao. En 2016 sa production était estimée à 1548014 T.
Le budget de la Côte d’Ivoire sera réduit de 43 milliards avec la baisse du prix de cacao sur le marché.
Raïssa Yao