Qu’est-ce qui coince dans la délivrance du passeport du ministre Charles Blé Goudé et quelle est la position du COJEP par rapport à l’appel du président Laurent Gbagbo de le rejoindre pour la création d’un nouveau parti politique ? Dans cet entretien, Dr Patrice Saraka, secrétaire général du COJEP se prononce.

Docteur Saraka Patrice, le retour en Côte d’Ivoire du ministre Charles Blé Goudé tarde à se réaliser. Pourtant, il a émis une demande de passeport pour lui permettre de se déplacer. Qu’est-ce qui coince dans l’établissement de ce document ?

Nous nous interrogeons tous. On ne sait pas ce qui coince. Mais, nous ne désespérons pas.

Avez-vous au moins un retour des autorités chargées de la délivrance du passeport ?

C’est une procédure administrative. Les documents demandés ont été déposés. Tout le monde a vu par ailleurs que le ministre Charles Blé Goudé a été convoqué le 16 juillet 2021 pour avoir ses données biométriques. Pour nous, cela suppose que tout est OK.

Le président Laurent Gbagbo est en Côte d’Ivoire depuis plus de deux mois. Mais le retour du ministre Charles Blé Goudé tarde. Est-ce que vous vous sentez lésés ?

Non, il ne faut pas appréhender le problème de ce point de vue. Nous serions lésés par rapport à qui ou par rapport à quoi ? C’est une situation anormale que vit le ministre Charles Blé Goudé, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais, il ne s’agit pas de dire qu’il est lésé. D’ailleurs, le président Laurent Gbagbo n’a pas eu aussi son passeport dans les délais requis et recommandés. Donc, les deux ont été traités de la même manière. Il n’y a donc pas de comparaison à faire de ce point de vue. Si comparaison il y a, c’est de loger les deux personnalités à la même enseigne, puisqu’ils ont subi les mêmes désidératas.

Dans tous les cas, le ministre Charles Blé Goudé attend d’avoir son passeport. On espère que les choses vont entrer dans l’ordre. Car le président de la République a dit clairement que le président Laurent Gbagbo et le ministre Charles Blé Goudé pourraient arriver quand ils le voudront. Évidemment le préalable à tout cela est qu’il ait son passeport. Pour nous donc, il n’y a pas péril en la demeure. C’est vrai qu’il n’a pas encore son passeport, mais nous sommes convaincus que Charles Blé Goudé reviendra dans son pays. Mais je puis vous dire que nous vivons assez mal tout ce temps d’attente. Cependant, on ne désespère pas. Nous avons l’assurance que les choses vont rentrer dans l’ordre. Nous n’en faisons pas un problème majeur, surtout qu’on sait que ce retour est placé sous le sceau de la réconciliation et de la paix. Nous sommes en contact avec les autorités, les choses vont rentrer dans l’ordre. C’est juste une question de temps.

Le président Laurent Gbagbo a appelé récemment des partis politiques à le rejoindre dans la création de sa nouvelle formation politique. Le COJEP est-il désireux d’entrer dans ce projet ?

Il faut savoir que le COJEP a dégagé un principe majeur depuis des années. Chaque fois qu’un parti politique ou une organisation politique prend une initiative allant dans le sens du rassemblement, le COJEP est présent. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’à un moment donné nous avons été à la CDRP (Coalition pour la démocratie, la réconciliation et la paix), qui était une plateforme initiée par le PDCI-RDA. Parce qu’il s’agissait là de se mettre ensemble pour des élections transparentes. Il faut savoir qu’ici ce sont plusieurs partis politiques qui se sont mis ensemble pour atteindre un objectif commun. C’est le sens des coalitions.

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Pour ce qui est de la question que vous me posez, jusqu’à preuve du contraire, on n’a pas été informé que le président Laurent Gbagbo a pris une initiative pour mettre en place une coalition de partis politiques. Si c’est le cas, le COJEP sera toujours là, parce que là où les Ivoiriens et les démocrates se rassemblent pour lutter pour la justice, pour les libertés et pour la démocratie, le COJEP a toujours été aux côtés de ces démocrates. Nous sommes d’ailleurs demandeurs que les démocrates ivoiriens de gauche et au-delà même de la gauche se mettent ensemble pour conquérir d’autres victoires. En tout état de cause, le président Laurent Gbagbo demeure notre référent politique. S’il prend l’initiative de rassembler un certain nombre de partis politiques avec le PDCI, le COJEP sera toujours là.

Le COJEP acceptera-t-il de disparaître au profit de ce nouveau parti politique ?

Je ne suis pas en train de parler de parti politique. Je suis en train de parler de coalition politique. Et j’ai rappelé que le COJEP a déjà appartenu à des coalitions. J’ai rappelé l’exemple de la CRDP. Et que si aujourd’hui les présidents Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié et bien d’autres organisations politiques décident de coaliser, de se mettre ensemble pour les batailles à venir, le COJEP sera aux côtés de ces organisations. Le COJEP fera partie prenante de cette plateforme. Donc nous le souhaitons vivement.

Réalisé par Richard Yasseu