Société

Nouvelles violences en Tunisie, un ivoirien qui a pu fuir Sfax, raconte

Mis à jour le 11 juillet 2023
Publié le 06/07/2023 à 5:00 , , ,

Les migrants en Tunisie de nouveau pris pour cibles. La situation s’est à nouveau dégradée après la mort d’un Tunisien, poignardé à Sfax. Un Ivoirien qui a pu fuir cette ville raconte la situation.

Encore des violences en Tunisie. Quelques mois après les émeutes contre les subsahariens, la cohabitation entre Tunisiens et migrants noirs s’est encore détériorée. À l’origine, la mort d’un Tunisien qui a été poignardé.

« Il y a un Tunisien qui s’est fait poignarder. Des informations qui ont circulé et continuent de circuler à ce jour indiquent que ce sont des migrants noirs, notamment des originaires de l’Afrique centrale qui sont auteurs de ce crime. Le drame s’est produit à Sfax, une ville qui est à 4h de Tunis. C’est ce qui a tout déclenché. Nous ne savons pas exactement ce qui s’est passé pour que ce jeune Tunisien soit tué de la sorte », raconte sous le sceau de l’anonymat, un Ivoirien vivant en Tunisie, joint au téléphone par 7info.

Le drame s’est produit le lundi 3 juillet 2023. Les jours qui ont suivi ont ensuite été marqués par des actes de violence à l’encontre des subsahariens.

« Les Tunisiens habitants de Sfax sont très remontés après la mort de leur compatriote. Ils s’en prennent à tout ce qui est noir. De maison en maison, ils font le tour. Les noirs sont chassés de chez eux de nuit comme de jour. Des actes de vandalisme ont lieu sur les noirs qu’ils accusent de criminels. C’est difficile », raconte-il.

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Selon lui, cette situation de violences est nouvelle. Et qu’après les précédentes enregistrées il y a quelques mois, la vie normale a repris dans le pays pour les subsahariens.

« Cette situation n’a rien à avoir avec la précédente qui a occasionné la réaction des pays dont les ressortissants sont en Tunisie. À preuve, après les émeutes contre les noirs, il y a quelques mois, la vie a repris son cours normal. Les travailleurs subsahariens qui étaient payés autrefois à 700 dinars, sont mieux traités. Après les émeutes, certains reçoivent maintenant jusqu’à 1000 dinars pour le même travail. Les migrants noirs qui ont des papiers en règle avaient la possibilité de faire des voyages sans problème », rassure-t-il.

« Mais ce drame vient de tout remettre en cause. La chasse aux noirs a encore repris », se désole-t-il. Tout en précisant que pour l’heure les violences sont limitées à Sfax seulement.

« Pour l’heure, les violences sont limitées à Sfax. Je suis rentré le mercredi 5 juillet à Tunis en provenance de Sfax que j’ai fui. Ici tout va bien. En tout cas pour le moment », soutient-il.

Sa sortie de Sfax a été une pure grâce. « Ils sont venus nous attaqué et nous ont dépouillé de tout ce que nous avions. C’est grâce à une fille qui avait caché un peu d’argent dans ses dessous que nous avons pu payer le train afin de sortir de Sfax », explique-t-il.

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Courant mars et avril 2023, les migrants et exilés subsahariens étaient pris pour cibles en Tunisie. Les émeutes avaient fait de nombreuses victimes et poussé certains pays à faire rapatrier leurs ressortissants. La Côte d’Ivoire avait également mis des moyens de transport à la disposition de ses ressortissants qui le souhaitaient, pour un retour volontaire au pays. Plusieurs centaines d’ivoiriens vivant en Tunisie avaient profité de cette aide pour regagner leur pays.

Richard Yasseu

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