Archives

Odiénné- Bastonnade d’ouvriers par leurs employeurs, la centrale Dignité dénonce, la révision du contrat envisagée

Mis à jour le 1 février 2019
Publié le 05/04/2017 à 3:36

Les échauffourées qui ont eu lieu le 2 Avril 2017 entre des ouvriers ivoiriens et leurs employeurs chinois dans la région d’Odienné, nord- ouest du pays, remettent au goût du jour, l’épineuse question de la protection sociale des travailleurs. Une révision des contrats de l’entreprise indexée est envisagée.
 
 La violente bagarre survenue à Odienné entre des ouvriers ivoiriens et leurs employeurs chinois dans la région d’Odienné, nord-ouest de la Côte d’Ivoire continue de défrayer la chronique. Bilan, quatre travailleurs blessés et des dommages matériels.
« Nous n’avons pas été saisis de cette affaire, parce que dans cette entreprise, nous n’avons pas de syndiqués et de délégués. Ce sont des entreprises qui empêchent les travailleurs à s’organiser syndicalement, sous la menace d’une perte d’emploi. C’est le cœur dans l’âme que nous assistons à cela. Mais, on a eu écho seulement ce matin de cette affaire. C’est un fait que nous déplorons. Nous allons essayer de remonter la piste pour mieux comprendre, car il y a des conflits dans lesquels nous intervenons sans nécessairement avoir de syndiqués », promet  Bli Blé David, secrétaire général de la centrale syndicale Dignité, joint par politikafrique.info.
 
Pour lui,  il faut épauler ces ouvriers bastonnés. « Nous pensons que ce sont des travailleurs, il faut les défendre. Les travailleurs ivoiriens sont regroupés dans les centrales dans un comité, il y a des employeurs qui sont réunis, ce sont donc ces deux entités avec lesquelles nous travaillons dans une commission. Malheureusement, il y a ces genres de catégories de travailleurs avec les chinois, les libanais qui ne respectent pas la législation aujourd’hui, les différentes conventions. Ils ne sont pas membres de cette confédération des entreprises, cela nous crée énormément de difficultés », regrette le leader syndical.
Ce jeudi 6 avril, la Direction régionale du ministère de l’Emploi et de la Protection Sociale, représentée par l’attaché du Travail, adjoint au Directeur Régional, est annoncée sur place. L’objectif, a appris politikafrique.info, est de revoir les contrats, de suivre la mise en œuvre de la douzaine de points de revendication des travailleurs acceptée par l’employeur chinois mais jamais exécutée.
Face aux dommages corporels subis par les travailleurs, l’autorité préfectorale saisie de l’affaire a calmé les esprits et recommandé le respect de la réglementation ivoirienne en matière de protection du travailleur. Un  conciliabule est tombé ce mardi 4 avril après explication des deux parties en présence du corps préfectoral et des autres autorités.
Il a été demandé à l’employeur chinois, l’achat des motos détruites, remboursement des frais médicaux des travailleurs, réduction des heures de travail de 10 à 8h par jour  et suspension des heures supplémentaires effectuées par les employés en attendant un consensus entre les deux parties. Il est fait exigence de respect et considération des travailleurs ivoiriens par leurs patrons chinois, exigence d’un contrat de travail entre les  deux parties.  Quant aux ouvriers ils devraient se remettre au travail le plus tôt possible.
Les faits remontent au dimanche 2 avril. De quoi s’agit-il ? Des employeurs d’origine chinoise armés d’armes blanches et de gourdins se sont attaqués à leurs employés ivoiriens qui revendiquaient de meilleures conditions de travail et le paiement de leurs heures supplémentaires. Alors qu’ils réclamaient qu’on leur  paye les heures supplémentaires, ces employés ont été surpris de constater que leurs chefs avaient recrutés des contractuels pour les remplacer le week-end sur le chantier alors que ces derniers leur avaient demandé de ne pas travailler le week-end.  
Cette action des employeurs a entraîné une bagarre dont le bilan était de 4 blessés dont 2 évacués vers un centre de référence sanitaire.
Les revendications constituées en 12 points avaient été pris en compte par leur hiérarchie sauf que leur mise en œuvre était bloquée.
A la reprise du travail ce lundi 3 avril, les employés ont une fois de plus été surpris. «  Hier (lundi) nous avons repris le travail, en fin de journée, la direction nous a retiré les véhicules de ramassage des employés. Nous avons marché 14 km sous la pluie. Ce matin, ils envoient les véhicules nous chercher. Mais nous n’allons plus tomber dans leur piège » a indiqué  Fofana Sékou, le délégué  des travailleurs. Le mardi 4 avril encore les travaux avaient été arrêtés sur le chantier parce que les travailleurs craignaient une  nouvelle ruse de leur hiérarchie.
L’entreprise chinoise est la société RB chargée du bitumage de l’axe Odiénné-Gbéléban. Selon une source dans un conseil régional de la région, « Ils (les chinois) ont fait usage de machettes et de leurs véhicules pour cogner les employés et broyer leurs motos ».
 
Devant ces débordements, la représentation diplomatique chinoise à Abidjan, saisie a requis une suite judiciaire. Mais, le sens de la paix a animé le corps préfectoral, les responsables des autres ministères concernés et les autorités locales. Ils ont fait clairement savoir que si suite devait être donnée, « les poursuites judiciaires seront engagées contre les travailleurs chinois » a réagi une source proche de la préfecture d’Odiénné. Il n’empêche, une procédure est enclenchée.
 
L’entreprise chinoise se retrouve dans la région dans le cadre du chantier de bitumage de l’axe Odiénné-Gbéléban, 70 Km, promis par le Président ivoirien Alassane Ouattara lors de la visite officielle dans le Kabadougou.
Cette voie bitumée devrait accroître les échanges entre la Côte d’Ivoire et la Guinée, surtout qu’un grand pont a été déjà construit pour faciliter les déplacements entre les populations, d’un coût de 3 milliards FCFA sur financement C2D, inauguré le 22 mai 2015. Sur les 70 Km, les travaux de bitumage n’ont pas encore atteint la moitié du tronçon depuis deux ans. 
 Raïssa Yao et Adam’s Régis SOUAGA

7info.ci_logo

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter 7info

L’INFO, VU DE CÔTE D’IVOIRE