« Renforcer la sécurité et la cohésion sociale aux frontières de la Côte d’Ivoire », ou RESCIBO, est le thème autour duquel l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’Etat de Côte d’Ivoire ont entrepris une campagne de sensibilisation dans la région du Folon, dans les sous-préfectures de Kimbrila-Nord, Sokoro et Tienko.
Ce projet financé par le Japon comporte la construction d’un poste de police frontière dans le village de Tièfenzo.
La mission était dans cette région au Nord-Ouest de la Côte d’Ivoire du 16 novembre au 10 décembre dernier pour un dialogue direct avec les populations des villages frontaliers du Mali et leur expliquer l’organisation et le fonctionnement du poste de police frontière en construction à Tiéfenzo.
Emile Kra Kouakou, Assistant de projet Senior à l’OIM, représentant l’organisation onusienne, a expliqué que « Les postes de police frontière construits par l’OIM seront dotés d’équipements permettant l’analyse des données et des informations migratoires. Il s’agira d’un système qui recueille, traite, stocke et analyse les données des voyageurs en temps réel grâce à un réseau extensif aux frontières. »
Cinq postes de police frontière existent en Côte d’Ivoire dans le cadre de ce projet et sont implantés à Nigouni (Tengrela), Danané, à sipilou, gbéléban et Tiéfinzo. A travers ces postes de police, Emile Kra Kouakou, soutient que « Ce système est utile car il fournit une base statistique solide pour la planification de la politique de migration, l’interopérabilité entre plusieurs bases de données permettant ainsi de bénéficier des listes d’alerte en provenance de bases données telles Interpol et de gouvernements tiers où sont inscrits des personnes recherchées ou réputées dangereuses. »
Soumahoro Daouda, représentant la sous-direction de la police des frontières a planté le contexte général dans la sous-région, avec un risque d’insécurité dû au terrorisme. Ainsi, fait-il savoir, « La Côte d’Ivoire fait frontière avec deux pays durement touché par le terrorisme, le Mali et le Burkina Faso. »
« Le groupe Ançar Dine a tenté depuis 2015 de s’étendre au Sud du Mali et d’ouvrir un nouveau front dans la région de Sikasso où il a eu son premier attentat le 10 juin à Misséni, et à Fakola 28 juin 2015, rapprochant du coup la menace terroriste aux frontières ivoiriennes » soutient l’Officier de police.
Aussi, a-t-il fait savoir que ce nouveau poste de police frontière, tout comme les autres, serviront à « Lutter contre la traite des êtres humains, le trafic illicite de migrants, les infractions à la législation sur les stupéfiants et lutter contre le terrorisme. »
Face à la menace que confirme Silvère Tanoh, Assistant du Directeur des Affaires générales chargées des questions politiques et de la vie associative, « depuis 2006, l’Etat a créé le Centif pour lutter contre le financement de groupes terroristes » dont, a-t-il précisé, quelques-uns, au Mali, « ont une vue sur la Côte d’Ivoire ».
« La gestion des frontières est l’affaire de tous » a relevé Emile Kra Kouakou pour qui, la solution aux besoins quotidiens et vitaux de la population, est la première réponse à cette insécurité. Il s’agit de l’adduction en eau potable, l’autonomie financière pour la jeunesse et les femmes, la protection des migrants. « La migration qui est faite dans un bon ordre est bénéfique aux communautés » a-t-il soutenu.
Pour Silvère Tanoh, « dans la mission de service public, elle serait inefficace sans une bonne relation avec la population qui doit avoir un comportement citoyen. Nos populations doivent s’approprier ces structures que l’utilisation va devenir fluide. » Il préconise « la collaboration de la population » qu’il invite à être « des agents de renseignements » en contact avec les agents du poste de police frontière.
Les difficultés ont été appréhendées par la mission, évoquant le cas de Manakoro (Mali) et Tiéfinzo (Côte d’Ivoire), deux villages séparés par la frontière mais qui ont été créés par deux frères. « C’est une œuvre de longue haleine et il faut que la population comprenne l’intérêt pour tous en préservant les rapports fraternels et sociaux. Avec les autorités administratives, des solutions peuvent être trouvées » a indiqué Silvère Tanoh.
« Loin de nous, l’idée de faire peur à la population face à la menace terroriste ou de promouvoir la xénophobie. C’est pourquoi on invite la population à s’approprier ce poste de police frontière et éviter les voies de contournement. Le développement, c’est le changement de comportement. Le poste de police est une réelle chance pour le développement, il s’agit d’allier développement et sécurité » a relevé Soumahoro Daouda de la Police nationale.
Emile Kra Kouakou a soutenu que ce projet est mis en œuvre « à l’endroit des zones les plus exposées », relevant au passage la contribution des autorités sous-préfectorales de Tienko, Sokoro et Kimbrila-Nord. Il s’agissait, a-t-il insisté, pour les populations, « que les populations dénoncent les risques pouvant entamer la sécurité communautaire et qu’elles sachent les motifs et délais couvrant leurs déplacements » a recommandé Silvère Tanoh qui estime qu’avec les postes de police frontière, une solution est ainsi déployée.
« Il faudrait que la population participe au démantèlement des réseaux de passeurs et de trafic d’êtres humains, on a besoin de renseignement, toute bonne surveillance a besoin de renseignement » a recommandé Emile Kra Kouakou qui a invité à un engagement citoyen les populations concernées par ce projet dans la région du Folon.
Adam’s Régis SOUAGA
7info