Si on connaît désormais le taux de participation estimé à 38% au référendum du dimanche, en revanche, c’est le silence total sur une victoire du oui ou du non au scrutin. Quatre jours après les votes, l’attente continue. Le sujet fait réagir des ressortissants de ce pays en Côte d’Ivoire.
L’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) n’a toujours pas annoncé les résultats du référendum sur la nouvelle constitution à mettre en place. Le mercredi 21 juin 2023, l’institution s’est contentée de donner un taux de participation de 38% sur les 8,4 millions d’électeurs maliens qui se sont déplacés pour voter dimanche 18 juin. Selon l’autorité électorale, ce score résulte du dépouillement des votes dans la quasi-totalité des bureaux où les Maliens étaient invités à dire oui ou non à une nouvelle Constitution.
Pour Ibrahim Kanté, un travailleur malien dans les BTP en Côte d’Ivoire, il faut vite tourner la page de cette transition.
« Le Oui ou le Non ne m’intéresse pas trop. Nous avons passé cinq années dans la difficulté, cinq années où le Mali a fait des palabres avec tout le monde. Le pays est à la dérive. Il y a un problème de corruption, un problème de gouvernance. Toutes ces choses qui font qu’aujourd’hui, il faut pouvoir tourner la page », dit-il.
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Moustapha Cissé, lui, est président de l’AIGE. Dans un communiqué de presse produit par cette institution et qu’il a lu, il fait savoir que les résultats provisoires définitifs seront communiqués au plus tard le 23 juin 2023 conformément au délai fixé par la loi électorale.
« Sur le plan sécuritaire au plan national, la situation n’est pas vraiment satisfaisante au Mali. Nous espérons que les choses vont évoluer bien si le “Oui” l’emporte », fait savoir Cissé Bocary.
Le peuple souverain malien va plébisciter le OUI”, espère Cheicknan Diaby. Même approche pour Yves Karim.
« Le Oui passe sans problème. C’est d’ailleurs le cas dans les régions de Bougouni, le District de Bamako, kaye, et les régions de Sikasso, Ségou et San, selon nos contacts sur place », dit-il.
Le jour du scrutin référendaire, un total de 24 416 bureaux de votes ont été ouverts. Cependant, dans le Centre du pays, plus de 80 d’entre eux, n’ont pas ouvert pour cause d’insécurité et d’autres ont été délocalisés.
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Par ailleurs, la Ligue malienne des imams et érudits pour la solidarité islamique au Mali (Limama) s’est opposée au principe de laïcité introduit dans le projet la nouvelle Constitution et a appelé tous les musulmans patriotes à voter contre le projet de la nouvelle Constitution dans sa forme actuelle.
Les détracteurs du projet le décrivent comme taillé sur mesure pour un maintien des militaires au pouvoir au-delà de la présidentielle prévue en février 2024, malgré leur engagement initial à rétrocéder la place aux civils après les élections.
La nouvelle Constitution, si elle est validée par ce référendum, dont les résultats sont attendus d’ici à mercredi soir, est censée constituer la première étape d’un retour à un pouvoir civil en mars prochain, selon les engagements pris par les colonels eux-mêmes. A neuf mois de ce scrutin décisif, les Maliens ne savent toutefois toujours pas si le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, troquera l’uniforme pour le costume cravate afin de se présenter à la prochaine présidentielle.
Tristan Sahi