À quoi pourraient ressembler les relations des Etats-Unis avec le reste du monde et surtout l’Afrique, avec le retour du président Donald Trump ? Dans cet entretien, Palé Dimaté, un spécialiste ivoirien de la politique étrangère américaine, donne des éléments de réponse.
Depuis le mercredi 6 novembre 2024, les élections présidentielles aux Etats-Unis ont pris fin. L’ancien président Donald Trump a été réélu. Comment s’explique-t-on que les Américains aient pu donner à nouveau leur confiance à leur ancien président qui on se rappelle est parti de la Maison Blanche dans des conditions troubles ?
Ces élections sont des élections normales. Conformément à la constitution américaine, Donald Trump n’ayant pas fait deux mandats successifs, il pouvait donc être toujours candidat. C’est d’abord cela le contexte. Ensuite, le fait que le peuple américain lui renouvelle sa confiance se justifie par rapport à un certain nombre de choses que les américains trouvent en lui au plan économique et au plan international. C’est pour cela que le peuple américain lui a renouvelé sa confiance.
Vous évoquez le plan international qui aurait motivé le renouvellement de la confiance en lui. En termes de politique étrangère, comment pourraient être les relations des Etats-Unis sous Donald Trump, surtout avec le continent africain ?
D’abord nous craignons qu’il y ait un remake de ce qu’il a fait de 2016 à 2020. Pendant le mandat passé de Donald Trump, c’est l’impérialisme qui a prévalu. C’est pourquoi je pense qu’il y a des raisons de s’inquiéter.
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Pour ce qui est de l’Afrique, rappelons-nous que lui-même avait dit que l’Afrique est un contient de merde. Mais il est indéniable qu’il sera obligé de collaborer avec l’Afrique car c‘est quand-même 14% des terres émergées du monde. L’Afrique a aussi beaucoup de potentialités. Il y a des champs pétrolifères, des ressources minières etc. Tout président américain donc obligé de collaborer avec l’Afrique. Je pense que Donald Trump fera la même chose. Ce que je crains par contre, c’est que probablement il y aura une réduction de l’aide à l’Afrique. Par exemple, au niveau de l’AGOA qui est le mécanisme par lequel les Etats-Unis établissent des relations commerciales avec l’Afrique, il y a à craindre que les conditions pour y avoir accès, soient corsées. À partir du moment où Trump lui-même n’a pas assez de considération pour l’Afrique, tous ces mécanismes d’aide seront réduits à la baisse ou seront corsés.
Avec le retour de Donald Trump à la tête des Etats-Unis, il y a donc plus à craindre qu’à espérer de bonnes relations entre les Etats-Unis et l’Afrique.
Oui même si pour le moment il n’a pas encore dégagé la grande stratégie. En matière de coopération dans les relations internationales, quand un président arrive il faut voir sa grande stratégie. La grande stratégie est en quelque sorte le plan, la philosophie, la doctrine que le président dégage. Ce que je sais est que quand il était aux affaires, Trump avait une grande stratégie qui s’apparente bien à la Hard Power Policy. Il faut comprendre qu’il avait une politique étrangère dure, offensive, qui avait même gêné tout le monde entier. Il avait abandonné la COP 21, il a également remis en cause les relations avec les Cubains que Obama avait rétabli et bien d’autres choses encore comme l’interdiction à sept pays d’origine musulmane d’entrer aux Etats-Unis. Il a dit qu’il allait construire un mur et il l’avait commencé. Est-ce qu’il va refaire les mêmes choses, difficile de le dire. C’est fort de cela que je dis que l’Afrique aussi doit peut-être craindre que ses relations avec les Etats-Unis soient un peu dures quelque part.
Réalisé par Richard Yasseu