Son discours continue d’alimenter les conversations et de faire couler beaucoup d’encre. Alassane Ouattara, président d’honneur du Rassemblement Des Républicains (RDR), a décidé d’exclure de son prochain gouvernement, tous les partis qui refusent de ratifier le statut de parti unifié RHDP.  L’UPCI en fait déjà les frais. Les autres partis tels que l’UDPCI et le MFA de Anzoumana Moutayé qui tiennent leur congrès ce mois de mai, sont avertis. 

Ce n’est pas l’adoption des textes du parti unifié par les militants du RDR, le samedi dernier, qui alimente les débats politiques, cette semaine. C’est plutôt le discours, du Président de la République, Alassane Ouattara, par ailleurs président d’honneur du parti, qui est sujet à controverse. Le Chef de l’État, a en effet décidé d’écarter l’Union Pour la Côte d’Ivoire (UPCI) du prochain gouvernement RHDP, qu’il s’apprête à former. Une sanction, à l’encontre du parti de Me Soro Brahima, qui avait le samedi 28 avril dernier, voté contre le parti unifié. Conséquence immédiate, le MFA et l’UDPCI qui tiennent leurs congrès dans ce même mois, se retrouvent sur la sellette.

« Le discours du Président de la République est une lapalissade en ce sens que l’UPCI ne faisait pas partie du gouvernement. Il en était déjà exclu. Et cela prouve que le RHDP fonctionne à géométrie variable. C’est juste une tentative d’intimidation car l’UPCI s’est donné le droit de refuser d’aller au parti unifié », a  expliqué le politologue Geoffroy Julien-Kouao à PoleAfrique.info.

Dans ce même ordre d’idée, le Pr Dogbo Pierre, Directeur de l’école des Sciences politiques de l’Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan Cocody, affirme que le parti unifié, n’a aucune base réelle.

« Le RHDP n’est qu’une fiction car il ne regroupe pas la majorité des ivoiriens. Il faut faire la distinction entre les militants d’un parti, et les électeurs dans le pays. Ce n’est pas la même chose. Ainsi donc, l’acharnement du Président de vouloir coûte quecoûte un parti unifié, répond à quel but ? Le RHDP en tant que parti politique représentant l’ensemble des ivoiriens est donc une fiction. Cependant, il est libre d’exclure ses partenaires politiques comme il l’entend. Le Président peut garder qui il veut. Mais là, on assiste à une confusion des pouvoirs. C’était plutôt à Henriette Diabaté de le dire. Cela n’augure rien d’un lendemain meilleur pour la politique ivoirienne », réagi à Poleafrique.info l’universitaire.

Et pourtant 24h après l’UPCI, le Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT) dirigé par Séka Séka Joseph, a voté oui, au statut du parti unifié RHDP. Une semaine après, dans le même prolongement, le RDR a, lors de son congrès extraordinaire du 5 mai, obtenu plusieurs soutiens. Son principal allié, le PDCI RDA, représenté par Patrick Achi,  membre du bureau politique, a affirmé que le vieux parti « ferait sa part de chemin dans le processus d’unification du RHDP » sans plus de commentaires. Une position qui pourrait jeter un flou sur la position réelle du PDCI, dans ce nouveau projet politique au moment où le RDR s’y cramponne avec l’âme du nageur désespéré. De l’avis d’Eddie Guipié, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Université Péléforo Gon de Korhogo, cette décision de ne pas inclure l’UPCI dans le prochain gouvernement RHDP, est un chantage politique.

« Il y a des choses qu’on n’a jamais vu parce qu’il serait intéressant qu’on nous clarifie le pouvoir réel d’un président d’honneur. Cependant on avait tous compris le jeu du RDR en désignant son mentor comme président d’honneur. Les statuts du RHDP font débat. On ne peut pas parler de parti unifié et refuser de se dissoudre dans la masse. C’est un chantage qui met mal à l’aise tous les partis membres du RHDP, qui s’apprête à voter pour ou contre le parti unifié. Alassane Ouattara monnaie l’entrée au gouvernement; ce qui n’est pas du tout démocratique. De toutes les façons, le PDCI RDA, le principal allié, n’a pas encore fixé la date de son congrès et donc on pourrait avoir des surprises » conclut le politologue.

 La partie reste ouverte pour tous les protagonistes.

Eric Coulibaly

Source : rédaction Poleafrique.info