Est-ce possible pour un pays qui en a déjà bénéficié, d’être encore inscrit sur la liste des pays élus à l’initiative PPTE ? Après l’information donnée par des responsables politiques notamment de l’opposition, d’un retour de la Côte d’Ivoire à ce programme, mais qui est démentie par les autorités ivoiriennes, la question se pose. Un économiste ivoirien donne des éléments de réponse.
Un Etat peut redevenir PPTE (Pays pauvres très endettés), fait savoir d’entrée docteur Roméo Boyé, un macro-économiste, modélisateur et chercheur à la cellule d’analyse de politiques économiques du Centre ivoirien de recherche économique et sociale (CIRES).
Mais selon le spécialiste ivoirien, un retour au programme PPTE ne se fait pas selon le bon vouloir des dirigeants du pays demandeur. Il est fonction d’une condition principale à remplir.
Cette condition est la bonne gestion de l’aide obtenue auparavant.
« Oui, un pays peut encore devenir PPTE, mais à condition qu’il n’ait pas pu gérer de façon efficace l’effacement de la première dette », explique à 7info, Dr Roméo Boyé.
En Côte d’Ivoire, un supposé retour du pays au programme PPTE est beaucoup évoqué dans les médias dernièrement.
Il tire sa source de l’adoption par le gouvernement du projet de texte relatif à la ratification de la facilité africaine de soutien juridique qui est une procédure normale quand un Etat adhère à des institutions ou à des accords internationaux.
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Mais l’information est démentie par les autorités ivoiriennes. Selon le ministre des Finances et du Budget, Adama Coulibaly, il y a eu certainement une mauvaise interprétation du texte qui a été adopté en Conseil des ministres à savoir la Facilité africaine de soutien juridique.
« La Côte d’Ivoire n’est pas un Pays pauvre très endetté (PPTE). Nous sommes un pays à revenu intermédiaire. Et cela, vous pouvez le constater dans tous les rapports du FMI et de la Banque mondiale », a-t-il rassuré.
L’initiative PPTE Il faut le rappeler, a été créée par le « Club de Paris » en collaboration avec les institutions de Bretton Woods. Elle a pour but d’alléger ou de réaménager la dette extérieure des pays présentant des difficultés à l’honorer.
« On devient PPTE lorsqu’on observe un rééchelonnement ou un moratoire sur la dette par exemple, tout en étant classé pays à faible revenu », explique Dr Boyé, non sans faire remarquer qu’il n’est pas bon d’être PPTE, et cela en termes de confiance que le marché privé des capitaux à envers un Etat PPTE.
Richard Yasseu