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Politique nationale- RHDP unifié, PDCI-RDA, FPI, silence autour des stratégies, on affûte les « armes » pour la pesée du 13 octobre

Mis à jour le 5 septembre 2018
Publié le 05/09/2018 à 7:51 , , , ,
Lorsque se mettait en place le 10 juillet dernier, le gouvernement Amadou Gon Coulibaly II, l’on se doutait que cela serait le déclic de changements majeurs en Côte d’Ivoire. Depuis cette date, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Notamment dans le paysage politique du pays qui voit une recomposition continue. Flash-back sur les événements qui ont marqué la Côte d’Ivoire de juillet à l’orée des élections locales annoncées pour le 13 octobre prochain.
 
Deux mois, de nombreux faits majeurs dont l’enchaînement continue de susciter des interrogations. En Côte d’Ivoire, de juillet à   septembre, ont vu se succéder des chamboulements que nul ne pouvait prévoir. Tout commence le 3 juillet. Alors que le débat entre pro et anti parti unifié bat son plein entre des militants et cadres du RHDP, la coalition au pouvoir, naît un courant au sein du PDCI de Henri Konan Bédié. Dirigé par le ministre Kobenan Adjoumani Kouassi, ce mouvement qui se présente comme un soutien aux actions des présidents Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié et aussi favorable au parti unifié RHDP, est vite rejeté au sein du PDCI dont l’initiateur est membre. «Le PDCI-RDA ne reconnaît ni les courants ni les mouvements en son sein depuis sa création. Le projet d’Adjoumani est un non-événement», coupait court le leader du PDCI au lendemain de la naissance de ce courant. Une déclaration qui ne va en rien, altérer la détermination du ministre des Ressources animales et Halieutiques ainsi que ses camarades à se maintenir sur les « Sur les traces d’Houphouët-Boigny ». Puisque c’est sous cette bannière qu’ils seront présentés deux semaines plus tard à la naissance du RHDP parti unifié.  
 
Prémices d’un malaise au sein de la mouvance présidentielle ? Les relations déjà fragiles entre le vieux parti et le RDR la formation au pouvoir, vont connaitre quelques jours plus tard, un autre bouleversement. Le 10 juillet, est formé un gouvernement, le deuxième du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Comme particularité, la nouvelle équipe est constituée avec des cadres du PDCI, mais sans une consultation préalable d’Henri Konan Bédié comme cela est de coutume depuis l’avènement du RHDP au pouvoir d’Etat en 2011. Un fait que n’a pas manqué de relever le leader du PDCI. « C’est un gouvernement fait avec des cadres du PDCI mais favorables au parti unifié », expliquait en substance le chef du gouvernement. Quand le Julius Nyéréré ivoirien précisait qu’il n’a pas été consulté pour le choix de ces cadres du PDCI.
 
Dans la foulée, se tient aussi le 16 juillet l’Assemblée générale constitutive du parti unifié RHDP, sans la participation de Henri Konan Bédié. Laquelle nouvelle formation politique voit désigner séance tenante, Alassane Ouattara le chef de l’Etat ivoirien comme président par les membres fondateurs, parmi lesquels figurent des cadres du PDCI dont le vice-président de la République Daniel Kablan Duncan et le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani. De cette étape, se renforce la cristallisation des relations tendues entre le PDCI et le RDR qui formaient jusqu’alors un même bloc, le RHDP groupement politique.
 
Le 1er août, l’épisode de la révocation de Noël Akossi Bendjo, maire de la commune du Plateau pour « détournements de fonds publics », va davantage enfoncer le clou des bisbilles PDCI-RDR. Pour Bédié et ses militants, cette décision du gouvernement est une « dérive autoritaire » comme mentionné dans un communiqué pondu le lendemain jeudi 02 août.
 
Entre temps, le PDCI qui jusque-là traitait le FPI comme des irréductibles à la violence et à la cacophonie politique en Côte d’Ivoire, empêcheur de tourner en rond, change de prisme. Realpolitik oblige, il commence par dénoncer le RDR dans sa gouvernance. Le parti de Bédié demande officiellement, et pour la première fois, la libération des prisonniers liés à la crise postélectorale de 2010-2011.
 
Dans cette atmosphère, le chef de l’Etat ivoirien crée la surprise. Le 6 août soir, alors que l’on s’y attendait le moins, au cours de sa traditionnelle adresse à la nation à la veille de la fête de l’indépendance, Alassane Ouattara annonce une amnistie pour 800 personnes détenues ou poursuivie ou en exil des faits liés à la crise postélectorale de 2010-2011. Mais aussi sa disposition pour une réforme de la Commission Electorale Indépendante (CEI).
 
Si ces mesures du 6 août sont applaudies dans tout le pays et même à l’international, les mésententes au RHDP, elles s’approfondissent. Telle une suite logique du malaise profond qui prévaut désormais dans la coalition au pouvoir, c’est Henri Konan Bédié en personne qui ira signifier le 8 août, le retrait du PDCI son parti du « processus de mise en place d’un parti unifié dénommé RHDP ». Marquant de fait sa rupture d’avec la mouvance présidentielle, puisque c’est fort de ce divorce, que le vieux parti décide quelques jours plus tard de compétir en dehors du RHDP lors des élections locales prévues le 13 octobre prochain. Sur ce chapitre, la publication des listes pour lesdites élections viendra par la suite comme une occasion de se « peser », entre pro et anti-RHDP unifié, selon les propos du ministre de l’entretien routier, Amédée Kouakou. 18 cadres du PDCI ont leur nom qui figurent à la fois sur les propositions de candidatures. Cette double casquette ne rassure pas, et Henri Konan Bédié veut en avoir le cœur net. Il procède à une audition individuelle des candidats concernés le 27 août dernier à sa résidence. Un oral d’où sont sortie des positions précises de ces cadres.
 
La décision du PDCI de sortir du RHDP ouvre aussi ainsi les possibilités d’une recomposition du paysage politique national. Désormais libre de tout engagement avec le RHDP parti unifié, c’est un PDCI qui flirte de plus en plus avec des partis de l’opposition ainsi que des mouvements et associations politiques proches de l’opposition. Tel qu’en témoigne la visite de Maurice Kacou Guikahué le secrétaire national exécutif de ce parti à l’ex-première dame Simone Gbagbo, après sa sortie de prison. Un rapprochement qui fait d’ailleurs dire à des observateurs qu’une alliance est en préparation entre le PDCI et l’opposition politique. Dont le vieux parti est désormais membre.
 
RHDP unifié, PDCI et FPI ont peaufiné leurs stratégies. Face à la crainte d’un déficit financier pour soutenir les candidats PDCI suite à la rupture avec le RDR, le Secrétaire Exécutif, Pr Maurice Kakou Guikahué se veut rassurant: « les moyens financiers sont disponibles« . Le PDCI présente selon Roland Adiko, son monsieur élections, deux commandos composés de 130 candidats pour les municipales et 18 aux régionales.
 
Au FPI, on assure que l’ex-parti au pouvoir a des candidats dont la liste n’est pour l’heure pas dévoilée. Les états-majors des différents partis se gardent de faire trop de bruits même si les candidats tâtent le terrain par des rencontres et quelques mobilisations.
 
La vraie pesée, attendue par tous, aura elle bien lieu le 13 octobre prochain. On prépare dans chaque camp, la veillée d’armes.
 
Richard Yasseu
Source : rédaction Poleafrique.info  
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