Loin du passage de flambeau à la nouvelle génération, au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), l’heure de tourner la page Bédié n’a pas encore sonné.
Henri Konan Bédié, 86 ans, se dit encore capable d’aller au combat. « C’est vrai que je suis âgé, mais j’ai encore la force d’aller au combat. Laissez-moi réparer mon erreur en ramenant le PDCI-RDA au pouvoir », a-t-il indiqué. L’ancien chef de l’Etat déchu au matin du 24 décembre 1999 suite au coup d’Etat de feu le général Robert Guéi, veut livrer une dernière bataille pour laver son honneur.
Le président Alassane Ouattara n’est pas candidat à l’élection du 31 octobre. Le 12 mars dernier, Amadou Gon Coulibaly a été désigné candidat à la présidentielle pour le compte du parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Un choix jugé judicieux selon Dr Yéo Brians, enseignant-chercheur d’Histoire à l’université Félix Houphouët-Boigny qui estime que « Le RHDP a fait le choix d’Amadou Gon Coulibaly, et je pense que c’est très bien. Le RHDP est donc conforté dans son désir du changement. Si la population ivoirienne est jeune comme on aime le dire, alors il est temps que la jeunesse soit mise en avant. La promotion de la jeunesse doit être encouragée ».
Quant à Bédié, Dr Yéo Brians estime qu’à 86 ans Bédié devrait prendre sa retraite pour laisser la place à une nouvelle génération de politiciens.
Le psychologue Martial N’Guessan perçoit la candidature de Bédié d’un autre œil, soutenant que l’homme veut laver vaille que vaille l’affront de n’avoir pas été désigné candidat du RHDP.
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« Si Bédié a décidé d’être candidat pour le compte de son parti, c’est tout simplement parce que Ouattara n’a pas été reconnaissant envers lui. C’est grâce à Bédié qu’il devenu président de Côte d’Ivoire. La logique aurait voulu que le candidat du RHDP soit issu des rangs du PDCI, mais Ouattara a choisi Amadou Gon Coulibaly. C’est cette frustration qui le pousse à être en liste pour le scrutin d’octobre prochain », soutient-il.
L’autre poids lourd de la politique ivoirienne, Laurent Gbagbo est face à la justice internationale. En Côte d’Ivoire, il a écopé de 20 ans de prison pour détournement de fonds. Son parti est en proie à une dissidence. Le président du FPI, Pascal Affi N’guessan et Dr Assoa Adou se battent pour le contrôle du parti. Bédié a choisi de collaborer avec les dissidents et Affi N’guessan le lui rend bien.
Le mercredi 3 juin dernier, le FPI tendance Assoa Adou et le PDCI-RDA ont signé la mise sur pied d’un Comité national paritaire de collaboration (CNPC). Deux jours plus tard, Pascal Affi N’guessan faisait savoir que « Le Front populaire ivoirien informe l’opinion publique nationale et internationale qu’il n’est nullement signataire d’une plateforme dénommé CNPC ».
« Quand vous pensez que tous les moyens sont bons pour atteindre des objectifs politiques, vous n’êtes plus un homme politique sur qui on peut compter parce que vous êtes sans foi ni loi. Or ce n’est pas avec les politiques sans foi ni loi qu’on peut construire le pays », a dénoncé Affi N’guessan qui s’en prenait ainsi à Henri Konan Bédié.
Le président du PDCI-RDA a choisi de s’allier à la branche dissidente. Gnamien Yao, secrétaire chargé des grands débats du PDCI soutient que « la part du FPI que dirige Affi N’Guessan n’a pas le poids nécessaire pour être l’allié de son PDCI ».
Au sein même de sa formation politique, Bédié fait face à une opposition dirigée par Me Kouassi Kouamé Patrice dit KKP.
Sur la convocation du bureau politique extraordinaire qui devait statuer sur les conditions d’éligibilité du candidat du PDCI-RDA, il soutenait que « Je ne reconnais pas la légalité de ce Bureau politique-là. Je le dis tout net ».
Ce membre du bureau politique n’a pas renoncé à son désir d’être le candidat du PDCI-RDA face aux autres candidats à la présidentielle prochaine. Des situations qui pourraient desservir le candidat Bédié pendant le vote.
Le seul concurrent capable de barrer la route de la présidence à Henri Konan Bédié, c’est bel et bien Amadou Gon Coulibaly qui a fait ses armes durant des années aux côtés d’Alassane Ouattara.
Ce scrutin s’annonce comme étant le plus important pour la suite de la carrière du président du PDCI. S’il perd, il fera une sortie de scène désastreuse. Par contre, sa victoire sera une revanche sur le cours de l’Histoire et lui permettra de laver l’affront du 24 décembre 1999.
Arnaud Houssou
7info.ci