Malgré son retrait de la liste électorale, Laurent Gbagbo, l’ex président ivoirien dépose sa candidature. Ce lundi Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS) a déposé les dossiers de l’ancien dirigeant ivoirien à la CEI. Selon les politologues, l’opposition s’inscrit dans le refus de changement tout comme le fait, le parti au pouvoir.
Alassane Ouattara, qui avait pourtant renoncé à se présenter, portera bien le maillot du RHDP aux prochaines élections présidentielles. Motif avancé, le décès de son Premier ministre (candidat désigné), et l’insuffisance de temps pour désigner un autre cheval au sein de son camp. Ce lundi, c’était au tour d’EDS (Ensemble pour la Démocratie), de procéder au dépôt de la candidature de Laurent Gbagbo, l’ancien chef d’Etat alors que ce dernier, condamné à 20 ans de prison en Côte d’Ivoire a été rayé de la liste électorale.
Selon Dago Pierre Godé, agrégé de sciences politiques, deux camps politiques s’opposent en Côte d’Ivoire, celui des conservateurs et des modernes.
« On comprend aisément que même l’opposition en Côte d’Ivoire ne souhaite pas le changement. Sinon comment comprendre qu’alors que les Ivoiriens aspirent à la paix, des militants de partis politiques encouragent leurs leaders à s’accaparer le pouvoir ? Tout ne tourne pas autour de Gbagbo, Bédié et Ouattara. Je me rappelle, lui-même Henri Konan Bédié, avait dit qu’on ne dirige pas la Côte d’Ivoire à 80 ans. Aujourd’hui, il en a 86 ans et part quand même déposé sa candidature. On ne peut pas non plus annoncer qu’on ne sera pas candidat, et revenir sur sa décision quelques semaines plus tard. Dans quel pays sommes-nous ? On se rend compte que les partis politiques traditionnels n’ont rien à proposer aux Ivoiriens. Et cette candidature de Laurent Gbagbo qui sera rejetée vient étayer ce que je dis. C’est bien dommage ! » analyse le politologue.
L’ancien président ivoirien n’a toujours pas eu de suite à sa demande de passeport en Belgique. De plus, il est condamné à 20 ans de prison par la justice ivoirienne, d’où son retrait de la liste électorale tout comme Guillaume Soro, l’ancien président de l’Assemblée nationale. Son parti GPS (Générations et Peuples Solidaires), procédera aussi au dépôt de sa candidature, malgré les restrictions.
« Les partis de l’opposition savent très bien qu’ils doivent fournir le casier judiciaire de leur candidat pour compléter le dossier de candidature à la CEI. Et quand on sait que Laurent Gbagbo et Guillaume Soro sont condamnés, on se rend compte que c’est un pavé dans la marre, qui est jeté. En tout état de cause, je pense pour ma part que cela contribue à la démocratie et à la soif de liberté. Il aurait fallu pour une réconciliation vraie, et je ne suis pas le seul à le dire, que toutes ces condamnations soient annulées et que les protagonistes s’affrontent à la régulière dans les urnes. Le plus fort l’emportera. J’ai bien peur que la publication définitive de la liste électorale par le conseil constitutionnel, ne provoque encore des troubles » s’inquiète le Docteur Blé Késsé, enseignant-chercheur à l’Université Péléforo Gon de Korhogo.
Le dépôt des candidatures se poursuit à la CEI ce lundi. Le conseil constitutionnel aura 15 jours à partir du 1er septembre, date limite de dépôt, pour se prononcer sur les dossiers fournis par les candidats. La campagne électorale, elle, est prévue pour le 15 octobre prochain.
Eric Coulibaly
7info.ci