Le 31 octobre prochain, les Ivoiriens iront aux urnes pour désigner leur nouveau président. Les trois ténors de la politique : Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara, pourraient s’affronter à nouveau comme ce fut le cas en 2010.
Laurent Gbagbo pas question de renoncer
Laurent Gbagbo a été acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) après un procès pour crimes contre l’humanité qui a duré huit années. Désormais, l’homme est libre de rentrer dans son pays. Les militants de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI) exigent qu’il se présente au scrutin d’octobre. Va-t-il satisfaire à la demande de ses partisans ? Une chose est sûre, le fondateur du FPI n’a rien perdu de sa popularité. Il est resté malgré toutes ses années passées hors de la Côte d’Ivoire, l’un des hommes politiques les plus populaires de son pays. En 2010, contre le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), il avait obtenu plus de 46 % des voix au second tour de la présidentielle, selon les chiffres de la Commission électorale indépendante (CEI). Les responsables du FPI habitués aux boycotts de joutes électorales depuis le 11 avril 2011 ont appelé leurs sympathisants à se faire enrôler massivement sur la liste électorale.
Le dernier combat de Bédié
Âgé de 86 ans, Henri Konan Bédié est officiellement celui qui défendra les couleurs du PDCI-RDA à l’élection d’octobre. Renversé au matin du 24 décembre 1999 par un coup d’État militaire, le président du PDCI-RDA veut reconquérir le pouvoir d’État. Une mission qu’il qualifie de « salut public ». Cette bataille électorale est sûrement la dernière que mènera le Sphinx de Daoukro après quoi, il passera le flambeau à la une nouvelle génération.
Laurent Gbagbo, nouvel allié d’Henri Konan Bédié, a écopé de 20 ans d’emprisonnement pour braquage de l’agence de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Cette condamnation pourrait porter préjudice à sa candidature, elle risque d’être rejetée par la Cour suprême. Si tel est le cas, le candidat du PDCI-RDA verra son électorat monter en puissance. Le président Bédié pourrait gagner son dernier combat : celui de la reconquête du pouvoir. Le 30 avril dernier, les responsables du FPI et du PDCI-RDA ont signé une plateforme pour : la recherche de la réconciliation, la paix et d’élections démocratiques, consensuelles, participatives. Un rejet de la candidature de Laurent Gbagbo pour les raisons citées plus haut sera profitable au président Bédié.
Ouattara et le troisième mandat
« Tout au long de ma carrière, j’ai accordé une importance particulière au respect de mes engagements. En conséquence, j’ai décidé de ne pas être candidat en 2020 ». Telle a été la déclaration d’Alassane Ouattara début mars devant le parlement ivoirien. Après le décès le 8 juillet dernier d’Amadou Gon Coulibaly, Premier ministre et candidat du RHDP, de plus en plus de voix s’élèvent dans son propre camp pour exiger sa participation aux joutes électorales d’octobre prochain. Le week-end dernier des milliers de partisans à travers des manifestations ont exigé que le président Alassane Ouattara se porte candidat pour un troisième mandat. Pour l’heure, l’ex-Directeur adjoint du Fonds monétaire international (FMI) ne s’est pas encore prononcé sur la question. Le débat sur la possibilité du président Ouattara de se représenter oppose la classe politique ivoirienne.
La confrontation entre les trois grands blocs politiques ivoiriens devient de plus en plus palpable. Cela ressemble à du déjà vu en 2010, mais cette fois-ci la dynamique politique n’est plus la même. Guillaume Soro, ex-proche d’Alassane Ouattara, est en rupture de banc avec son mentor. Il s’est déclaré candidat et s’est rapproché du président du PDCI-RDA.
Les prétendants au poste de président de la République ont jusqu’au 1er septembre 2020 pour le dépôt des candidatures. Et les trois principaux acteurs de la scène politique ivoirienne pourraient à nouveau s’affronter. [Crédit photo: Jeune Afrique]
Arnaud Houssou
7info.ci