Politique

Présidentielle 2025, Ouattara rebat déjà ses cartes face à une opposition dans l’incertitude

Mis à jour le 28 octobre 2023
Publié le 28/10/2023 à 11:51 , , , , ,

A deux ans de la prochaine élection présidentielle, le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, replace ses pions dans son dispositif et redistribue les rôles dans son camp, pour prendre une longueur d’avance sur son opposition politique, empêtrée dans des doutes et incertitudes.

Difficile de croire qu’Alassane Ouattara, en politique averti et couturé par tant de batailles, n’a pas pensé à la présidentielle de 2025 au moment de nommer de nouveaux présidents d’institutions, puis dans la foulée, de remanier son gouvernement, avec un nouveau Premier ministre, Robert Beugré Mambé, à sa tête, en remplacement de Patrick Achi.

Même si le chef de l’État a joué la carte de la continuité en reconduisant la plupart des ministres, et même s’il n’a pas encore annoncé s’il serait lui-même encore candidat ou cèderait la place à l’un de ses poulains, l’objectif ne devrait pas changer : conserver le pouvoir.

Sans en donner l’air, il travaille, sans aucun doute, à cela. Déjà en 2022, il avait réaménagé l’organigramme de son parti, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). En février 2022, il avait choisi Gilbert Koné Kafana à la tête du directoire, un poste qui était vacant depuis le décès de l’ancien Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, en 2020. Il a aussi nommé en août Cissé Bacongo comme secrétaire exécutif pour succéder à Adama Bictogo, devenu président de l’Assemblée nationale mais surtout pour redynamiser le parti et rendre attrayant son offre politique.

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Bilan de la course, le RHDP est sorti largement vainqueur des élections régionales et municipales du 2 septembre 2023.

Pour le Politologue et essayiste, Geoffroy Julien Kouao, il ne pouvait en être autrement ce, d’autant plus que « le bilan de Ouattara et du RHDP est satisfaisant au niveau économique même si la répartition de la richesse reste problématique ».

La victoire écrasante du parti présidentiel esquisse un état de l’opinion publique ivoirienne et questionne la stratégie de reconquête du pouvoir par l’opposition, notamment par ses deux têtes de pont.

Au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), le principal parti de l’opposition, l’avenir n’a jamais paru aussi incertain que maintenant. Sans son président Henri Konan Bédié, décédé le 1er août, après l’avoir dirigé pendant près de trente ans, l’ex-parti unique joue sa survie.

La bataille pour sa succession a débuté et menace de faire imploser le parti en plusieurs clans rivaux. En interne, on admet que le bateau a tangué.

« Notre parti a été fortement secoué dans ses fondements avec la perte brutale et inattendue de notre boussole, notre leader, le président Henri Konan Bédié », déclarait le 14 octobre 2023, le Coordonnateur et délégué de Cocody Jean Marc Yacé, à l’ouverture d’un Bureau politique.

Certains cadres et militants estiment que le parti qui en a vu d’autres, trouvera les ressorts pour s’extirper de cette nouvelle zone de turbulence.

« Il n’y a pas de risque d’implosion parce que le PDCI est un parti qui a une très forte résilience politique. C’est un parti qui est dans la sérénité et qui se fait confiance », expliquait récemment le député d’Agnibilékrou sous-préfecture, Jean Michel Amankou, interrogé par 7info.

Dans ce contexte, le congrès extraordinaire électif du 16 décembre 2023 apparaît comme un tournant décisif.

Le PDCI n’est pas le seul grand parti de l’opposition à être à la croisée des chemins. Avec lui, le Parti des peuples africains (PPA-CI) de Laurent Gbagbo scrute également l’échéance de 2025 avec quelques incertitudes. Son leader, l’ex-chef de l’État, reste radié de la liste électorale.

En l’état actuel des choses, sa participation à la présidentielle d’octobre 2025 est compromise tant qu’une loi d’amnistie n’est pas prise par le chef de l’État pour effacer la peine et le rendre éligible.

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Rien n’indique que Alassane Ouattara, qui a plusieurs fois appelé publiquement au retrait du jeu politique des leaders historiques – lui y compris – au profit d’une nouvelle génération, au point qu’il a envisagé, un moment, la réintroduction de la limite d’âge à l’élection présidentielle, va aider Laurent Gbagbo à caresser son rêve d’une douce revanche sur l’histoire.

Face à cette situation, le PPA-CI risque d’être contraint de se trouver un autre candidat. Ce qui n’est pas une simple équation.

Pour Geoffroy Julien Kouao, tout cela n’augure rien de bon pour l’opposition dont « le retour au pouvoir en 2025 est hypothéqué ».

« D’abord, parce que le statut juridique de Laurent Gbagbo reste non élucidé, ensuite, le PDCI-RDA a perdu son leader naturel, Henri Konan Bédié. Il sera difficile pour le nouveau leadership du PDCI de faire du parti et de son président des dynamiques électorales capables de prendre le pouvoir en 2025 », analyse-t-il.

Selon lui, le salut de l’opposition passe par un changement de « rhétorique et de stratégie politiques ».

Et mieux, « une conjoncture politique peut remettre en cause toutes (les) certitudes » du parti au pouvoir, même si « objectivement, le RHDP est bien parti pour 2025 », soutient Geoffroy Julien Kouao.

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