Guillaume Soro, Henri Konan Bédié, Pascal Affi N’Guessan, tous ont les yeux rivés sur la France. Dans des lettres ouvertes ou interviews à différents médias, ils appellent à une intervention de Paris dans l’organisation de l’élection présidentielle.
Est-ce l’issue de secours pour une tenue des élections « apaisées » ? En Côte d’Ivoire, des personnalités politiques de premier plan le pensent. Pour les ex-Premiers ministres Guillaume Soro et Pascal Affi N’Guessan, ainsi que l’ancien président Henri Konan Bédié, Paris doit avoir son mot à dire dans le processus électoral en cours. Ils y tiennent, au point d’inviter le président Macron à réagir dans le dossier ivoirien.
Raison évoquée, la nouvelle candidature du président ivoirien Alassane Ouattara qui suscite déjà des tensions dans le pays. L’opposition estime que le troisième mandat que brigue Alassane Ouattara se fait en violation de la Constitution qui limite les mandats à deux. Depuis l’annonce de cette candidature, l’opposition a décidé d’investir la rue et d’organiser des manifestations en guise de protestation. Bilan: des morts et de nombreuses destructions de biens matériels.
Pour les opposants de Ouattara, l’atmosphère préélectorale ne rassure pas et présage d’un scrutin à risque à cause, affirment-ils des candidats « exclus » de la course. Et la rencontre prévue le vendredi 4 septembre à Paris entre les présidents français et ivoiriens est une occasion rêvée pour attirer l’attention de la France.
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Surtout que quelques mois avant, Emmanuel Macron avait applaudi la décision du chef de l’exécutif ivoirien de ne plus briguer un mandat supplémentaire.
Des lettres ouvertes ou encore des interviews dans des médias…
Guillaume Soro, Henri Konan Bédié et dernièrement Pascal Affi N’Guessan. Chacun avec son inspiration et avec la technique qui lui sied espère faire sortir l’Élysée de son silence sur la question du troisième mandat en Côte d’Ivoire.
« Monsieur le Président, votre silence est, vous ne l’ignorez pas, diversement interprété dans mon pays. Il est commenté en raison de mots laudateurs que vous aviez prononcés. Il est analysé, car il autorise toutes les supputations : celle de l’indifférence, du laisser-faire, de l’embarras et finalement de l’impuissance de la communauté internationale. Votre parole est, a contrario, très attendue », commente Affi N’Guessan dans une lettre ouverte datée du 1er septembre 2020.
« Monsieur le président de la République, puisque, en vous exprimant une première fois, vous êtes désormais partie prenante dans le débat politique ivoirien, votre silence face à la forfaiture qui se dessine serait incompréhensible et totalement incompris. Pire, aux yeux de beaucoup, il vaudrait complicité. Et ce n’est pas seulement la Côte d’Ivoire qui se trouverait bafouée, mais l’Afrique tout entière, celle dont la jeunesse a plus que jamais soif de démocratie et aspire à ce changement que vous avez si bien su incarner en France! », renchérit Guillaume Soro.
«J’ai informé par écrit le président Macron de la situation en Côte d’Ivoire. Dans ce document, il constatera que l’état des lieux est des plus inquiétants. La violence sévit au pays, le droit constitutionnel de manifester est dénié au peuple de Côte d’Ivoire, des emprisonnements arbitraires se produisent chaque jour et des élus sont jetés en prison sans tenir compte de leur immunité parlementaire », ajoute Henri Konan Bédié.
Le cri de cœur de l’opposition sera-t-il entendu ? L’issue de la rencontre situera.
Richard Yasseu
7info.ci