Désastreux spectacle pour le coup d’envoi de la primaire présidentielle démocrate. À la surprise générale, l’outsider Pete Buttigieg, 38 ans, serait sorti vainqueur d’une courte tête avec 26,8% des voix. Seulement, un bug informatique dans l’application utilisée pour les remontées des bureaux de vote est survenu. Un ratage technique qui empêche la proclamation officielle des résultats et qui fait le bonheur du président Donald Trump.
Le désastre politique survient après un an de campagne dans l’Iowa, État américain du Midwest, et des millions de dollars dépensés par les candidats. La première étape des primaires pour la Maison Blanche devait susciter suspens et ferveur comme elle l’a toujours fait depuis les années 1970. Mais elle a plutôt suscité la colère et l’indignation des candidats. Un bug informatique survenu dans l’application utilisée pour les remontées des bureaux de vote a rendu impossible la proclamation des résultats. Face au désastre, le président du parti démocrate de l’Iowa, Troy Price, s’est excusé pour le retard « inacceptable » dans la publication des résultats. Il a refusé d’indiquer une heure pour la publication des autres résultats mais a assuré la fiabilité des premiers chiffres rapportés après une vérification des versions papier. « Nous savons que ces chiffres sont exacts » a-t-il déclaré.
Face au fiasco dans le parti démocrate qui veut sa tête, Donald Trump a jubilé. « Rien ne fonctionne, exactement comme lorsqu’ils dirigeaient le pays », a lancé dans un tweet le président américain. « La seule personne qui peut revendiquer une très grande victoire dans l’Iowa la nuit dernière est Trump » a-t-il ajouté, sous-entendant sa propre victoire. Aussi, le camp Trump s’est engouffré dans la brèche de son leader en insinuant que ce retard cachait une tricherie. « Ce chaos a créé un environnement propice à la désinformation en ligne, ce qui sape encore plus la confiance dans le processus démocratique (…) Des acteurs étrangers comme la Russie ou la Chine n’hésiterons pas à faire prospérer ce type de contenus pour aggraver la discorde nationale et la défiance envers nos élections », a critiqué le sénateur démocrate Mark Warner, responsable de l’espionnage et du renseignement au Sénat américain.
Outre ce coup d’envoi raté, la primaire démocrate a cependant été l’objet de quelques surprises. D’une part, le mauvais score de Joe Biden (15,4%), pourtant favori des sondages au niveau national depuis des mois et arrivé en quatrième position derrière la sénatrice Elizabeth Warren. D’autre part, l’avantage de Pete Buttigieg sur Bernie Sanders, qui revendique lui aussi la victoire. Le trentenaire que personne n’attendait à cette position a célébré sa victoire « stupéfiante », rappelant qu’il était parti de presque rien avec « quatre salariés, aucune notoriété, pas d’argent, seulement une belle idée ». Aussi, l’ancien maire de la petite ville de South Bend est le premier candidat ouvertement homosexuel à s’être lancé pour l’investiture d’un grand parti.
Manuela Pokossy-Coulibaly
