En Côte d’Ivoire, le prix du carburant a subi une nouvelle augmentation. Depuis ce mardi 7 mai (la décision est entrée en vigueur ce mercredi 9 mai), il est revu à la hausse de 10 FCFA à la pompe dans les stations essence du territoire national. Le litre du Super autrefois fixé à 600 FCFA passe désormais à 610 FCFA. Pareil pour le Gasoil. L’on digère difficilement cette nouvelle hausse du prix.
« …à la moindre diminution les annonces fusent de partout. Mais les augmentations se font en cachette. Pourtant, les ivoiriens sont assez intelligents pour comprendre l’augmentation du prix du carburant à la pompe .Communiquez, nous avons la capacité de comprendre sauf si l’argument est fallacieux », « C’est bizarre, depuis Thierry Tanoh est au poste de ministre en charge des Hydrocarbures, les prix ne font que grimper », ou encore « la faute n’est pas du gouvernement. ….ici c’est 10f …renseigne toi pour les autres pays ». Dans le groupe de discussion Observatoire démocratique en Côte d’Ivoire sur Facebook, ce sont des réactions ce mercredi, de quelques internautes ivoiriens
Une augmentation de prix de carburant n’est pas la première dans le pays. En huit mois, la Côte d’Ivoire en est à sa quatrième hausse. Le 2 octobre 2017, l’augmentation était de 10 FCFA le litre passant de 570 FCFA à 580 FCFA. Un mois plus tard, le litre de carburant gas-oil et Essence passaient encore chacun de 580 FCFA à 595 FCAF le litre à la pompe. Le 04 avril 2018 une nouvelle augmentation de 5 FCFA était constatée à la pompe, passant de 595 FCFA à 600 FCFA. A nouveau ce 07 mai 2018, ce sont 10 FCFA qui sont mis sur le prix du litre. Passant cette fois de 600 FCFA à 610 FCFA. Soit une augmentation de 40 FCFA en huit mois.
Sur les réseaux sociaux, cette augmentation alimente les échanges et fait couler encre et salive. Des activistes n’hésitent pas à pointer le doigt accusateur sur les tenants du pouvoir d’Etat. Dans un post publié dans le groupe de discussion Observatoire démocratique en Côte d’Ivoire (ODCI), intitulé « Où sont passées les solutions du RDR pour réduire le coût du carburant ? », Kyria Doukouré rappelle les propositions faites en 2008 par l’actuel parti au pouvoir, du temps où il était encore dans l’opposition.
« Ces solutions étaient entre autres: – une réduction des prélèvements de l’Etat, – la suppression du prélèvement pour Stock de Sécurité, – un audit urgent des fonds collectés par la GESTOCI au titre des stocks de sécurité, de l’utilisation de ces fonds et de la mission et du statut de cette entreprise, – la mise en œuvre des importants excédents financiers constitués grâce à la part ivoirienne dans les revenus d’exportation de pétrole brut, estimés à 90 000 barils/jour en moyenne en 2006, et à 100 000 Barils/jour en moyenne en 2007, chiffres confirmés par les institutions financières internationales », révèle l’internaute.
Et d’ajouter « Je rappelle qu’en 2008, le coût du baril de pétrole à l’international était de 140$ alors qu’il est maintenant de 70$. Où sont donc passées les solutions du RDR alors qu’il bénéficie de circonstances internationales favorables? ».
Les augmentations de prix de carburant sont généralement suivies de la flambée de prix de denrées alimentaires. D’où l’inquiétude des compatriotes d’Alassane Ouattara. De même que le coût du transport. La fâcheuse habitude ne sera pas écartée, encore cette fois, estiment des analystes. Dr Yao Séraphin est Enseignant-chercheur en Economie à l’université Alassane Ouattara de Bouaké. Il partage cet avis.
« En termes de conséquences, il est clair que cette augmentation va alourdir le budget des citoyens. Ceux dont l’activité est étroitement liée aux voitures, feront face à ce qu’on appelle en économie, des dépenses incompressibles. Pour quelqu’un qui est transporteur, il verra que ses activités vont connaître une augmentation du coût de production. Ce qui sous-entend que les profits vont baisser. En outre quand le coût du carburant augmente, il faut s’attendre à une augmentation du prix de produits de premières nécessités, puisque l’ajout sur le prix du carburant sera répercuté sur le coût des denrées. Et in fine, c’est le consommateur lambda qui va voir son panier diminué. Au niveau des grandes entreprises, cette augmentation va occasionner une inflation du prix des productions. En définitive, ce sont les consommateurs qui seront perdants, et l’Etat lui, verra ses caisses renflouées », analyse-t-il pour Poleafrique.info qui l’a joint.
Richard Yasseu
Source : rédaction Poleafrique.info