Un procès historique ! Ouvert le lundi 2 janvier à Paris, le premier procès des « biens mal acquis » contre Teodorin Obiang, le fils du Président de la Guinée-Equatoriale et vice-président dans son pays, a été reporté du 19 juin au 16 juillet 2017.
Le Tribunal correctionnel de Paris a accepté ce mercredi 4 janvier de reporter le procès à cette période, suite à la demande de renvoi formulée par les avocats de Teodorin Obiang. Selon les avocats du vice-président équato-guinéen, les délais prévus étaient trop courts pour leur permettre de défendre convenablement leur client.
Accusé, entre autres, de détournement de fonds publics, blanchissement, d’abus de biens sociaux et corruption, Teodorin Obiang n’était pas présent à l’ouverture du procès pour lequel le fils de Obiang N’guema Basogo risque 10 ans de prison ferme.
Pr Pierre Dogbo, avocat-politologue ivoirien, déplore ce procès de l’affaire des « biens mal acquis ».
« C’est un procès qui n’a pour seul objectif que de faire une pression sur le gouvernement équato-guinéen pour des raisons que seule la France sait. Ce ne sont pas les équato- guinéens qui se plaignent, ce sont plutôt les organisations internationales françaises, comme transparency international », fustige le politologue, contacté par politikafrique.info.
Il poursuit son analyse, estimant que « Les procès des biens mal acquis » contre des chefs d’Etats africains rentrent dans la vision raciste des relations entre la France et ses anciennes colonies d’Afrique. Pourquoi Sassou N’Guesso, Bongo et maintenant Teodorin, pourquoi pas les monarchies du Qatar, Koweït, de l’Arabie Saoudite qui ont plus de biens en Europe que les chefs d’Etats africains. Pourquoi, ils ne font pas les mêmes procès contre eux ? », se plaint-il.
En 2015, 11 voitures de luxe du vice-président, équato-guinéen, Teodorin Obiang ont été saisies par la justice Suisse. Il est accusé également par les autorités suisses de corruption et de blanchissement d’argent.
En plus de Teodorin Obiang, plusieurs autres dirigeants africains sont dans le collimateur de la justice française dans l’affaire « des biens mal acquis ». Il s’agit, notamment du Président Sassou N’Guesso, du Congo-Brazzaville, de la famille Bongo ainsi que de l’ancien Président centrafricain, François Bozizé. La justice enquête sur leurs riches patrimoines bâtis en Hexagone.
En avril 2016, sur instruction des juges du Tribunal de Grande Instance de Paris, des biens immobiliers appartenant à la famille Bongo en France ont été saisis.
Selon le Pr Pierre Dogbo, quand il y a deux poids, deux mesures, il n’y a plus de justice. « Du point de vue des relations internationales, c’est tout simplement une volonté de la France de mettre la pression sur les chefs d’Etats pour signer des traités illégaux sur l’exploitation des matières premières de ces pays », analyse-t-il.
Et d’ajouter qu’« il est mieux que la France nettoie devant sa porte que de vouloir chercher à jeter l’anathème sur les présidents africains. La France n’a pas de leçons à donner aux africains en la matière », soutient le Directeur de l’Ecole politique à l’Université Félix Houphouët-Boigny.
Dr Fofana Memon, sociologue, enseignant-chercheur à l’Université Péléforo Gon (Nord, Korhogo), salue pour sa part ce procès « des biens mal acquis ».
« Il est bien de juger tous ceux qui ont détourné l’argent du peuple. Ce procès va servir de leçon aux autres chefs d’Etats qui pensent qu’ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent avec les fonds publics. C’est un procès salutaire », se réjouit l’universitaire.
Ainsi, Dr Fofana Memon souhaite que le procès se poursuive jusqu’à son terme.
Le procès « des biens mal acquis » est une victoire pour les organisations de lutte contre la corruption, comme Share et Transparency international France. Initiatrices des plaintes contrent ces dirigeants, elles ont obtenu gain de cause. après des années de longues batailles juridiques.
Gnoungo Fanta
Source : rédaction Politikafrique.info