Les tribunes ne sont pas toujours les mêmes. Mais les prises de position virulentes sont presque identiques. Dans la musique ivoirienne, certains artistes se distinguent par leur courage à dire haut ce qui se dit sûrement tout bas. Dans cet exercice, certains d’entre eux dits ‘’engagés’’, se multiplient.
C’est à la base un moyen de divertissement et d’adoucissement des mœurs. Mais la musique est utilisée par certains artistes comme une arme de combat pour dénoncer et faire connaître leur position ou s’insurger contre les travers de la société et la gouvernance politique. C’est le cas de Bebi Philipp. Invité le samedi 2 juillet 2022 pour une prestation à la finale du concours Miss Côte d’Ivoire, l’artiste de coupé-décalé a donné une image jusque-là inconnue de lui. Devant des invités de marque dont Miss Monde, en Côte d’Ivoire la première fois, et des autorités, Bebi Philipp a dénoncé le coût élevé de la vie en Côte d’Ivoire, où selon lui les prix ne sont accessibles à toutes les bourses.
« Tout est cher, la vie est chère. Même le prix du porc au four a augmenté », a-t-il fait remarquer non sans s’attirer la foudre d’une partie de la population.
Pour les détracteurs de Bebi Philipp, ce n’était ni le moment ni le lieu
Une sortie qui n’est pourtant pas un fait nouveau en Côte d’Ivoire. Dans le pays, avant cet artiste du coupé-décalé, d’autres musiciens se sont aussi illustrés de la sorte. Les plus connus sont les artistes de reggae. Il est courant en effet d’entendre Alpha Blondy faire des critiques à l’endroit des autorités dans ses albums, des émissions télé ou pendant des concerts. Des sorties sans grandes conséquences, pour la méga star du reggae. On se souvient en 2010, ‘’Jagger’’ comme on l’appelle, avait même demandé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, à l’ex-président Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir. Quelques années plus tard, il s’insurgeait contre la gouvernance d’Alassane Ouattara, qui, selon lui, aurait échoué à réconcilier les Ivoiriens.
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Élection présidentielle de 2020. Le président Alassane Ouattara, dont la réélection, la troisième successive, était contestée par l’opposition, a été aussi critiqué par Tiken Jah Fakoly. L’artiste reggae qui s’était insurgé contre le projet d’Alpha Condé de rempiler en Guinée a multiplié les sorties médiatiques sur la situation en Côte d’Ivoire. Tiken Jah a appelé le peuple ivoirien à refuser la nouvelle candidature d’Alassane Ouattara. Selon lui, un troisième mandat serait synonyme de dictature. Tiken Jah est aujourd’hui encore auteur d’un opus, titré ‘’Gouvernement 20 ans’’.
Mais tous n’ont pas ce même destin. Pour d’autres artistes, des prises de position à des périodes différentes ont coûté. On se souvient de l’épisode des artistes Zouglou Yodé et Siro qui ont critiqué le procureur de la République, Adou Richard, pour sa gestion des violences commises pendant la crise postélectorale de 2020. Cela leur a valu une brève interpellation et un procès où ils sont ressortis libres.
On a encore en mémoire aussi le cas du rappeur Billy Billy. Après avoir critiqué le pouvoir actuel, il est jusque-là contraint à l’exil en France. Ce qui ne l’empêche pas de toujours tancer le régime toutes les fois qu’il en a l’occasion.