Côte d’Ivoire

Rapprochement FPI-PDCI, Fissure latente au sein du RHDP ?

Mis à jour le 7 novembre 2019
Publié le 26/01/2018 à 12:39
Des jeunes du Front Populaire Ivoirien (FPI) et ceux du PDCI-RDA, tout sourire posent pour la postérité au sortir d’une rencontre entre les deux structures de ces deux partis politiques. Henri Konan Bédié posant aussi, tout sourire avec toute la direction du FPI qui lui passait les vœux de nouvel an 2018 à sa résidence de Cocody. En une semaine, ces deux formations politiques se sont fait des amitiés à deux reprises. Un fait qui ne manque pas de susciter des interrogations.
 
Simple flirt ou prémices d’une union à venir ? Entre le PDCI-RDA de Henri Konan Bédié et le Front populaire ivoirien (FPI) de Pascal Affi N’Guessan, des gestes de rapprochement se multiplient dernièrement. C’est d’abord le 18 janvier. A la tête d’une forte délégation, Konaté Navigué le secrétaire national à la jeunesse, était reçu au PDCI par Kouassi Valentin et ses collaborateurs, membres de la jeunesse urbaine du vieux parti. Puis le 24 janvier, c’était autour du président du PDCI Henri Konan Bédié, de recevoir toute la direction du FPI conduite par Pascal Affi N’Guessan. Une  scène à laquelle ces deux formations politiques n’avaient guère habitué les ivoiriens jusque-là.
 
Dans le camp Affi N’Guessan, l’on ne fait pas mystère des motivations réelles. « Nous travaillons effectivement à un rapprochement entre nos deux partis », confie à Poleafrique.info Jean Bonin Kouadio, le secrétaire général adjoint chargé de la communication du FPI.
 
Le FPI et le PDCI ne sont pas à leur premier rapprochement. En 2000 alors que le vieux parti venait fraichement d’être évincé du pouvoir d’État, suite à un putsch survenu plutôt en 1999, le parti fondé par Laurent Gbagbo s’était allié à celui de Henri Konan Bédié. En l’absence du leader du PDCI en exil, une fange dirigée à cette époque par son ex-secrétaire général Laurent Donna Fologo, avait formé avec le FPI, le  »Front patriotique ». Une alliance qui s’est vite effritée. Mais qui a tout de même eu raison de feu le général Robert Guéi patron, de la transition militaire, candidat à la présidentielle d’octobre 2000. Lequel scrutin s’etait soldé par la victoire de Laurent Gbagbo le candidat du FPI.
 
Au FPI, l’on se garde de déclarer ouvertement une volonté de faire le remake de 2000 en réveillant le défunt Front patriotique. Toutefois, on reconnait que ce rapprochement nouveau a des visées dont les premiers signes pourraient être perceptibles aux prochaines élections municipales, régionales et sénatoriales prévues cette année 2018.  
 
« Ce rapprochement pourrait être perceptible dès les prochaines échéances électorales locales où dans certaines localités, nous comptons faire des listes communes avec le PDCI ou d’autres partis politiques dans l’opposition. Ce rapprochement n’a qu’un seul objectif final, mettre fin, aux souffrances des ivoiriennes et des ivoiriens », explique Jean Bonin Kouadio.
 
Depuis 2005, le PDCI est en alliance avec plusieurs autres partis politiques dont le RDR dans le cadre du RHDP. Cette coalition au pouvoir connait quelques frictions dernièrement surtout entre le parti de Henri Konan Bédié et le RDR d’Alassane Ouattara le Président de la République de Côte d’Ivoire. Ils ne s’accordent pas sur la question de l’alternance que le PDCI réclame en sa faveur, et également sur la question du parti unifié. Pour le RDR, les actes de rapprochement PDCI-FPI sont un appel de pied, de la part de l’allié.
 
« Je pense que ce rapprochement entre le PDCI et le FPI est un message que le parti doyen lance au RDR. Il est aussi l’expression d’une colère et d’une frustration du PDCI face aux manœuvres du RDR pour l’horizon 2020 », commente pour Poleafrique.info Mamadou Traoré, conseiller régional RDR dans la région de la Bagoué (Nord de la Côte d’Ivoire). A en croire cet élu RDR, par ces actes, le PDCI fait un refus poli du parti unifié. « Le PDCI veut montrer au RDR qu’il ne veut pas de parti unifié et qu’il est prêt à s’allier au FPI pour reconquérir le pouvoir », soutient-il.
 
« C’est au RDR de percevoir le message et de jouer à fond la carte de la cohésion en son sein. Sinon il perd le pouvoir en 2020 », prévient Mamadou Traoré.
Richard YASSEU
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