Depuis Ferkessédougou sa ville natale où il intervenait en cette fin d’année 2018, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire Guillaume Soro n’est pas passé par quatre chemins pour faire connaître son mécontentement de la gestion de son parti le RDR. Il a exprimé un ras-le-bol longtemps contenu.
« C’est fini, on ne va plus faire palabre pour quelqu’un, ni avec quelqu’un, ni pour quelqu’un », a annoncé Guillaume Soro face à ses parents à Lafopkokaha (7 km de Ferkéssedougou, Nord, région du Tchologo) avec qui il a partagé les premières heures de cette nouvelle année. Guillaume Soro est sans détours. Sa liberté est indiscutable et n’a pas de prix. Pour lui, même un poste de pouvoir ne saurait le faire fléchir.
« Si on croit que moi on va me faire du chantage à cause de poste, on se trompe. Mon cerveau est trop libre, je suis libre dans la tête. J’avais déjà 19-20 ans, quand mon père était PDCI et moi je militais à la FESCI. Mon père a eu l’intelligence et la sagesse de respecter mon engagement syndical. Je veux que les ivoiriens respectent ma liberté de penser .Qu’on se respecte. Je n’ai pas un problème de poste de l’Assemblée nationale. Je ferai ce que je pense juste pour la Côte d’Ivoire… A 46 ans je ne peux pas le faire ? Quand même ! Il y a un même qui me dit, le pouvoir doit rester au nord, est-ce que les gens réfléchissent même. Mais comment ? En coupant la Côte d’Ivoire en deux ? On s’est battu parce qu’on a accusé les autres de nous exclure, et c’est ce qu’aujourd’hui d’autres veulent faire contre les autres ivoiriens », révèle-t-il.
Des rapports entre les tenants du pouvoir, Guillaume Soro en a fait cas. Selon lui, rien ne va. « Un pouvoir on a souffert pour avoir, on n’a même pas fait 20 ans, on est divisé déjà. On se critique partout, on est divisé partout. Si vous n’avez pas honte moi j’ai honte c’est pourquoi je suis assis chez moi, je ne parle pas »,commente-il.
Le RDR, le parti dont il est un des députés au Nord est cette fois dans sa ligne de mire. La méthode est différente. C’est celle de la parole et des critiques contre les armes et les grèves. Et cette fois encore, il crie son ras-le-bol trop longtemps contenu de la gestion des affaires par la formation politique à laquelle il appartient. L’auteur de « Pourquoi je suis devenu rebelle » revêt-il à nouveau ses habits de rebelle comme hier pour combattre ce qu’il croit « injuste » ?
En tout cas Guillaume Soro ne fait pas dans la dentelle, comme pour afficher sa détermination à remettre les pendules à l’heure. Sa relation avec Henri Konan Bédié l’ex-président ivoirien dont il s’est beaucoup rapproché dernièrement Guillaume Soro l’évoque.
« Que personne ne vienne me demander d’aller combattre Bédié. Parce que j’entends des gens dire, »Guillaume est allé chez Bédié; Guillaume veut prendre le pouvoir pour aller donner à Bédié… » Ah, bon ?! C’est moi qui veux prendre le pouvoir pour aller donner à Bédié ? Bédié était Président avant moi, est-ce que c’est moi qui le lui avais donné ? » a-t-il interrogé. Et de marteler : « Je vais aller saluer Bédié, matin, midi, soir, si je veux. Je ne suis pas la propriété de quelqu’un. Non, non, c’est fini ! Je ne suis pas la propriété de personne. Je suis en train de demander le pardon, la réconciliation, donc je peux aller voir qui je veux, en Côte d’Ivoire » a-t-il fait savoir, excédé.
Des problèmes liés à la fréquentation de sa personne, il en été aussi cas. « En 2018, quand tu me salues et qu’on dit que tu as salué Guillaume Soro, si quelqu’un a pris photo, on te renvoie de ton travail. Tous mes collaborateurs ont été renvoyés. On a pris Soul to soul .On est allé le jeter en prison. Mes gars qui ont été renvoyés n’ont pas été embauchés, ils sont toujours au chômage. Ils n’ont rien fait. C’est parce qu’ils m’ont salué qu’ils ont été renvoyés », soutient-il.
Les relations entre Guillaume Soro et le RDR son parti sont-elles ainsi à la croisée des chemins ? Le chef du parlement ivoirien lui, espère un changement. Il appelle à l’unité en Côte d’Ivoire.
Richard Yasseu
Poleafrique.info