Le rapport des experts du Groupe scientifique intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), publié lundi 9 août 2021 est alarmant. Selon les études, les activités humaines sont la principale cause du réchauffement climatique.
C’est un mal qui guette toute la planète entière. Au fil des années, le réchauffement climatique n’avait jamais autant alarmé les experts. Et pour cause, le dernier rapport annonce que le réchauffement de la planète pourrait atteindre le seuil de +1,5°C autour de 2030, dix ans plus tôt qu’estimé, mettant en danger toute l’humanité, déjà secouée par des phénomènes naturels de grande envergure. Les villes africaines sont également frappées par le réchauffement climatique.
Le littoral ouest-africain n’est pas en marge. Pire, les effets de cette nouvelle « menace mondiale » sont d’autant plus visibles sur les côtes maritimes de cette partie de l’Afrique. La Côte d’Ivoire, poumon économique de la sous-région, apparaît comme un des pays les plus vulnérables de la planète au phénomène du réchauffement climatique (147e mondial place sur 178).
La montée du niveau de l’océan Atlantique reste préoccupante. Les plaines côtières qui abritent près de 7,5 millions d’habitants sont désormais menacées. Actuellement, plus des deux tiers de ce littoral sont affectés par des phénomènes d’érosion côtière. Le village de Lahou Kpanda dans la ville de Grand-Lahou en est la preuve palpable. Coincée entre la mer et la lagune, l’attractivité touristique de cette cité n’est plus qu’un vieux souvenir. Le village a été frappé de plein fouet par la montée des eaux balayant tout sur son passage : bâtiments de l’administration publique, écoles, habitations et cimetière.
Abidjan et San-Pedro, halte zone rouge !
Situées aux bords de l’océan Atlantique, les villes d’Abidjan et de San-Pedro sont désormais dans la zone rouge. Avec elles, des communes dont l’exposition aux événements extrêmes climatiques (inondations, précipitations abondantes, montée des eaux de la mer) est avérée. La situation est de plus en plus préoccupante pour les deux villes portuaires du pays devenues d’importants lieux de concentration des populations.
Le cas d’Abidjan
Le quartier littoral de Gonzagueville dans la commune de Port-Bouët, à Abidjan, a régulièrement connu des montées des eaux de la mer causant dégâts matériels et déplacement des populations. Les tempêtes maritimes étant créatrices de vulnérabilité, mais aussi de résilience, les populations ont une capacité de réaction locale avant toutes interventions extérieures.
À Gonzagueville, la réactivité des victimes s’est opérée en plusieurs étapes suivies plusieurs jours plus tard par des dons de vivres des autorités locales et nationales. L’événement a également donné lieu à la création d’un Comité interministériel afin de trouver des solutions durables aux inondations côtières notamment par le déguerpissement et la relocalisation des victimes de Gonzagueville.
Les communes de Koumassi et de Marcory, ayant auparavant bénéficié de travaux de remblai, sont également menacées par l’érosion du fait de l’avancée progressive de la lagune Ebrié. « Le niveau de la mer, si l’on ne prend pas de mesure adéquate, pourrait monter de 25 cm à un mètre, la presqu’ile de Petit Bassam (Port-Bouët, Koumassi et Treichville) sera sous l’eau », prévient N’Guessan Yao Thomas, professeur de chimie théorique et membre de l’Ascad, dans Fraternité Matin du 5 août 2021.
Quel avenir pour Grand-Bassam ?
Ville historique et balnéaire, Grand-Bassam est également menacée par l’érosion qui guette le littoral ivoirien. Ici, le phénomène va crescendo, mais n’est pas à exclure. « Grand-Bassam, Moossou ainsi que d’autres localités sont également sous la menace », ajoute l’universitaire. Contrairement à Grand-Lahou, les bâtisses coloniales de la ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO sont encore visibles, mais souffrent d’un délabrement avancé. Et même si les activités balnéaires continuent à attirer du monde les week-ends, l’on ne cache pas ses inquiétudes face à l’avancée de la mer.
Les populations des quartiers « France » et Azuretti craignent que leur village soit englouti par la montée des eaux et s’impatientent de la fin des travaux de l’ouverture de l’embouchure du fleuve Comoé.
Ephrem Thora