Le ministre d’Etat, ministre de la Défense ivoirien Hamed Bakayoko, a procédé ce lundi 25 juin à Grand- Bassam à l’ouverture de la 3ème Session Internationale de réflexions stratégiques (SIRS) autour du thème « Reconstruction de l’outil de défense post-conflit : cas des pays africains ». Il a à l’occasion, relevé la nécessité de reconstruire l’outil de défense pour les pays africains.
Pour le ministre d’Etat ivoirien, la reconstruction de l’outil de défense après les crises est une difficulté partagée par de nombreux pays du continent. D’où la nécessité selon lui de mener des réflexions collectives sur une telle problématique sur la base des expériences des uns et des autres.
« La reconstruction de l’outil de défense après une période de crise n’est une chose aisée. C’est un processus délicat mis en œuvre dans un contexte sensible, bien souvent marqué par le manque de confiance entre les ex-belligérants. L’une des questions les plus difficiles à résoudre dans un tel contexte, c’est comment faire cohabiter deux ou plusieurs entités militaires qui quelques mois ou quelques années auparavant, s’affrontaient encore sur des champs de bataille », soutient Hamed Bakayoko dans son discours d’ouverture.
Pour trouver des voies de solution dans son pays, la Côte d’Ivoire, qui sort d’une crise, le ministre ivoirien révèle que son gouvernement a procédé à la création dès 2013, de l’Institut d’Etudes Stratégiques et de Défense (IESD). « Parce que explique-t-il, la réflexion précède la décision et guide l’action ». L’IESD « apparaît comme une boussole » dit-il. Hamed Bakayoko fait remarquer toutefois que la reconstruction de l’outil de défense passe par des actes concrets et visibles sur les troupes. Il s’agit notamment de « l’amélioration des conditions de vie et de travail, du rétablissement de la chaîne de commandement et enfin de l’équipement de la formation des hommes ».
Pour Hamed Bakayoko, au-delà de tout, il faut aussi privilégier les mécanismes de prévention lors des discussions. Selon lui, l’on met souvent 10 ans à résorber les effets d’une crise d’un an. Il est donc préférable de mettre autant d’engagement dans la prévention. « Je pense que ces outils d’études stratégiques doivent également nous permettre de mettre en place … tous les mécanismes d’alerte précoce de crise. Il faut se donner les moyens dans tout ce qui peut nous prévenir des crises. Car une crise évitée est une victoire », fait-il savoir.
Présent à cette cérémonie d’ouverture, Gilles Huberson, l’Ambassadeur de France en Côte d’Ivoire a salué l’initiative de l’organisation de ce forum d’échanges et de discussions sur les stratégies militaires et sécuritaires. A l’en croire, dans le domaine de reconstruction de l’outil de défense, la Côte d’Ivoire doit servir d’exemple à d’autres pays. Allusion faite à la loi de programmation militaire et à la réorganisation des forces de sécurité et de défense du pays.
« La Côte d’Ivoire est exemplaire et doit servir d’exemple à d’autres pays. Quand on pense qu’il y a quelques années encore, la Côte d’Ivoire faisait l’objet d’une opération de maintien de la paix. Aujourd’hui, grâce à la vision du Président de la République Alassane Ouattara, grâce à votre action personnelle monsieur le ministre d’Etat ministre de la Défense, c’est aujourd’hui la Côte d’Ivoire qui s’apprête à fournir aux Nations Unies des Forces de maintien de la paix. Il n’y a pas plus bel exemple d’une reconstruction de l’outil de défense post-conflit », se félicite-t-il.
L’occasion a été aussi belle pour le diplomate français en Côte d’Ivoire de dire toute sa joie sur la création du futur Institut de lutte contre le terrorisme en terre ivoirienne voulue par les chefs d’Etat ivoirien et Français. L’objectif double de cette académie dit-il, « est à la fois de permettre à de grands responsables militaires, de préfets, de gouverneurs, de hauts responsables civils d’avoir des informations sur la lutte contre le terrorisme, d’échanger sur les moyens de lutter efficacement contre le terrorisme. En clair une sorte de l’IHEDM de l’anti-terrorisme. C’est le premier objectif. Le deuxième objectif est d’offrir un cadre exceptionnel de la formation de forces spéciales et spécialisées de la police et de la gendarmerie. C’est un cadre unique. Je ne pense qu’il y aura un deuxième village de combat que celui qui est envisagé ailleurs en Afrique », a assuré Gilles Huberson.
Avant eux, Jean Jacques Konadjé chef de cabinet du ministre d’Etat, ministre de la Défense par ailleurs président du comité d’organisation de l’événement a situé les enjeux de la rencontre. Il a souligné que le thème de cette Session internationale de réflexions stratégiques est un « sujet qui s’inscrit dans l’ère du temps » car concernant de nombreux Etats africains qui ont connu des crises. Le choix du thème dit-il vise à montrer son importance dans l’ensemble des programmes de sortie de crise et de susciter des réflexions communes autour de cette problématique qui « conditionne le développement » des pays africains.
La 3ème Session Internationale de réflexions stratégiques (SIRS) se poursuit jusqu’au 29 juin. Selon les organisateurs, ce sont une vingtaine de pays qui y participent.
Richard Yasseu
Source : rédaction Poleafrique.info