Le sujet enfle sur les réseaux sociaux tant il déchaîne des passions et les commentaires qui n’en finissent pas. Le mariage interreligieux est-il à condamner ou à accepter ? Les avis sont partagés entre religieux.

Tout est parti d’un mariage contesté en Guinée. Il s’agit d’une jeune femme, musulmane qui a décidé de se faire baptiser et de changer de nom pour épouser son bien aimé, un journaliste guinéen. La nouvelle déplait à la famille de la mariée qui s’oppose au projet de la jeune femme. Les parents évoquent entre autres les raisons de compatibilité religieuse.

Postée sur les réseaux sociaux, la polémique autour du mariage interreligieux enfle. Elle déchaîne des passions. Des commentaires et réactions aussi.

Dans un post attribué à El hadj Mamadou Saliou, l’imam en chef de mosquée Fayçal de Conakry, le digitaire religieux tranche : « Une femme musulmane ne peut pas avoir de mari chez les non musulmans. Qu’il s’agisse d’un chrétien, d’un athée ou d’un animiste, ils n’ont pas de femme chez les musulmans, mais le contraire est possible. Un musulman qui donne sa fille en mariage à un chrétien, il aura violé les interdits de sa religion. Si toi musulman, ton enfant décide de renier sa religion pour une autre, il cesse d’être ton fils. Il ne peut plus hériter de tes biens tout comme toi aussi, tu ne pourras plus hériter de ses biens même s’il laisse des milliards », fait savoir le texte sur les réseaux sociaux.

Dans la religion catholique, l’on a un regard différent sur la question. Le mariage mixte n’est pas condamné. « Pour ce qui concerne l’Ancien Testament, il était interdit de marier les femmes d’une autre religion, d’un autre peuple. Mais la raison de cette interdiction est que le peuple que Dieu avait choisi qui est Israël puisse s’accroître et grandir. Mais au fil des temps avec l’évolution de l’histoire de l’humanité, quand est né le christianisme duquel est sortie la religion catholique, on a offert une ouverture d’esprit. Avant, le mariage entre chrétien et personnes animistes n’était pas accepté. Et avec la considération des textes bibliques, on a compris que Dieu est amour parce que dans 1 Jean 4 verset 8, il dit « celui qui n’aime pas n’est pas de Dieu, or Dieu est amour’’. Ce qui voudrait dire que tout ce qui parle d’amour en réalité, a forcément Dieu en lui », analyse pour 7info, le Père Bienvenu Djéa, Curé de la paroisse St Thomas de Yopougon Académie.

Selon le prêtre catholique, cela ne pose aucun problème qu’un homme ou une femme de cette communauté se marie à quelqu’un d’une autre religion pourvu que la foi catholique soit préservée. « Si nous partons sur la base que nous prions le même Dieu qui est amour et que comme le dit le philosophe Blaise Pascal, le cœur a ses raisons que la raison elle-même ignore, on ne peut pas empêcher une personne qui a un sentiment pour quelqu’un qui n’est pas de son bord religieux de pouvoir marier cette personne-là. L’église catholique poursuit pour dire qu’elle accepte les mariages mixtes pourvu que comme l’église est considérée comme la censure morale du monde, elle se donne de dire qu’on accepte le mariage dans l’espoir que la partie qui n’est pas catholique finisse par rencontrer le Christ et devienne chrétienne catholique. Mais comme il s’agit d’une question de cœur, on ne peut pas empêcher quelqu’un d’aimer quelqu’un raison pour laquelle l’Église catholique accepte pourvu que ce qui est de Jésus Christ soit promu dans les rapports que les uns ont avec les autres », explique-t-il.

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Si les regards des religieux sont différents selon leurs obédiences, dans la société, il est des personnes qui ne sont pas de même confession en couple. En Côte d’Ivoire, le président ivoirien Alassane Ouattara en est un exemple. Musulman, il a pour épouse une chrétienne catholique, l’ex-Premier ministre Hamed Bakayoko vivait également avec une chrétienne catholique pour ne citer que ces illustres personnalités.

Mais qu’en est-il de l’éducation religieuse donnée aux enfants issus de ces unions mixtes ? Cette éducation peut s’avérer difficile, estime Dr Yao Albert, Enseignant-chercheur en Sociologie à l’université Lorougnon Guédé de Daloa. « Sociologiquement parlant, dit-il, le mariage interreligieux a des inconvénients. Au niveau de l’éducation des enfants, sur la base de quels principes religieux, fera-t-on l’éducation des enfants ? Quel modèle de pratique religieuse, enseigne-t-on aux enfants issus de ce mariage ? », s’interroge l’universitaire.

Selon lui, si chaque fidèle d’une quelconque religion respecte à la lettre les principes de sa religion, il ne peut se mettre en relation avec une autre personne en dehors de sa religion.