Il faudra compter avec les femmes pour les élections locales du 2 septembre 2023. Pour ce double scrutin, environ 12 000 candidatures féminines ont été retenues. Passant ainsi la barre du quota des 30 % de femmes candidates aux différentes élections. Une nouvelle qui fait réagir.
11 892 candidatures féminines retenues sur un total de 35 302 candidatures pour les élections municipales et régionales du samedi 2 septembre 2023. Ce sont les chiffres livrés le jeudi 17 août par le ministère de la Famille, de la Femme et de l’Enfant.
C’est un record battu en termes de candidatures féminines, tant les élections couplées n’avaient pas autant mobilisé de femmes.
Selon l’article 3 de la loi n°2019-870 du 14 octobre 2019 « Pour les scrutins uninominaux ou de listes, un minimum de 30 % de femmes sur le nombre total de candidats présentés au cours de la consultation électorale est exigé ».
Pour cette année, le seuil des 30 % recommandé a donc été franchi. Un combat de longue haleine mené par les autorités ivoiriennes, la société civile, les organisations internationales et les partenaires au développement.
« Pour nous c’est vraiment une grande joie parce que c’est un travail soutenu, un travail d’ensemble que les femmes de Côte d’Ivoire main dans la main ont réalisé, pour que les 30 % puissent être atteints sur les listes électorales. Nous avons fait beaucoup de formations avec les femmes, nous avons rencontré les rois et chefs traditionnels pour leur parler des questions de genre. Nous avons remarqué que dans l’ensemble, les Ivoiriens sont sensibles à la question de l’égalité des chances. Il faut donner la chance à la fois aux hommes et aux femmes à être dans l’arène politique pour que les décisions et les lois soient véritablement sensibles au genre », s’est exprimé au micro de 7info, Florence Tanoh Dagou, experte genre et développement.
Passer l’euphorie du nombre important de femmes qui frappent aux portes des mairies et conseils régionaux, la présidente de l’Association des femmes juristes de Côte d’Ivoire, propose une autre lecture de la situation.
« Ma première réaction, c’est de la satisfaction parce qu’on a enfin respecté et appliqué la loi de 2019, nous sommes à 33 % donc un peu plus de ce qui était recommandé. Mais après, il faut relativiser parce qu’on se rend compte après analyse des chiffres que les femmes ne sont pas têtes de listes. Selon les chiffres en notre possession, au niveau des régionales il y a seulement 5 % de femmes têtes de liste et pour les municipales, 10 % de femmes têtes de liste. Certes on a atteint les 30 % de candidatures féminines, mais nous n’avons pas atteint 30 % de femmes têtes de liste. Il y a un plaidoyer qu’on doit continuer à faire parce que ça veut dire qu’on a accepté d’associer les femmes, mais on ne leur fait pas encore suffisamment confiance pour leur confier les rênes du pouvoir », préconise Maître Francine Aka-Anghui.
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De son côté, Marina Kouakou, une journaliste et présidente du Salon des jeunes femmes et citoyennes journalistes de Côte d’Ivoire, déplore les conditions qui ont permis d’aboutir à ces résultats.
« C’est une belle initiative qui nous mènera vers l’objectif recherché qui est la participation politique des femmes à égalité des hommes. Cependant, ce que je déplore c’est que, la commission électorale indépendante a dû exiger le quota de 30 % de femmes sur les listes électorales au risque de rejeter les listes des partis politiques pour qu’on puisse atteindre ce résultat. C’est déplorable car nous sommes tous censés contribuer à l’autonomisation des femmes de façon naturelle. Je lance aussi un appel aux femmes, aux jeunes filles à s’intéresser à la politique, cela permettra de participer significativement aux décisions qui engagent toute la société », a-t-elle souhaité.
Afin d’augmenter le nombre des femmes dans les assemblées élues, la formation est un atout que ces dernières devraient s’approprier. Notamment en formations en stratégie politique, en prise de parole, en management, en connaissance des institutions de la République etc. Cela, à l’instar de la formation initiée en juin 2023, par le ministère de la Femme, de la famille et de l’enfant, au profit de 105 femmes candidates aux élections locales du 2 septembre 2023.
En Côte d’Ivoire, sur le plan politique on n’enregistre dans les assemblées élues que 16 femmes maires sur 201, 32 députées sur 250 et 7 femmes ministres sur 32 membres du Gouvernement. Dans l’administration, ce sont 184 magistrates sur 508 et 7 femmes directrices générales de société d’État sur 94. Pendant que 43 % de femmes sont alphabétisées. L’objectif étant d’atteindre 50 % de femmes alphabétisées, selon le ministère dédié à la Femme.
Maria Kessé