Jeannot Ahoussou, président du Sénat s’est rendu le samedi 12 juin 2021, à Sakassou chez la reine des Baoulés. Objectif, solliciter l’aide de Sa Majesté Nana Akoua Boni II pour convaincre l’ancien président Henri Konan Bédié de revenir au RHDP. Mais déjà au PDCI, des voix s’élèvent contre cette démarche.
« Nous avons demandé respectueusement à la reine et au conseil du royaume de rendre visite au président Henri Konan Bédié afin de faciliter l’intermédiation entre lui et le président Alassane Ouattara pour que la paix retrouvée puisse demeurer et prospérer ». Telle a été la déclaration du président du Sénat, Jeannot Ahoussou à sa sortie d’audience avec la reine des Baoulés, le 12 juin 2021.
48 heures après le président du Sénat, c’était au tour d’un autre cadre du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le ministre du Tourisme Siandou Fofana, de déclarer au confrère ivoirien « Le Mandat » dans sa parution du lundi 14 juin 2021 : « Nous allons travailler au retour du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) ».
Recevant les chefs traditionnels de la région du sud le 28 avril 2021, le chef de l’État Alassane Ouattara avait donné le ton. Ce jour-là, l’ex-directeur adjoint du Fonds monétaire international (FMI) a fait savoir à ses illustres hôtes que selon sa vision de la « Côte d’Ivoire, le PDCI doit être au RHDP (…). Rien ne doit séparer le PDCI et le RHDP ». La mission de rapprochement a été confiée au Premier ministre Patrick Achi, jadis proche collaborateur d’Henri Konan Bédié.
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Le vendredi 4 juin 2021, le chef du gouvernement ivoirien s’est rendu à Daoukro où, selon des indiscrétions, le sujet des retrouvailles politiques était au cœur des échanges, mais officiellement Patrick Achi était venu présenter ses condoléances au Sphinx de Daoukro.
PDCI et RHDP peuvent-ils être à nouveau alliés ?
Pour Innocent Yao, le président de la jeunesse rurale du PDCI, il n’est pas question que le président Henri Konan Bédié retourne au RHDP. « Tous ces cadres Baoulé militants du RHDP se fatiguent. Le président Bédié ne retournera pas au RHDP. Quand ils ont besoin du président Bédié, il est un homme bon, mais, quand le président Bédié leur oppose un refus, il devient automatiquement xénophobe. Ils peuvent continuer de rêver. Toutes leurs démarches seront vaines », a-t-il confié à 7info.
Dr Eddie Guipié est enseignant-chercheur en sciences politiques à l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo dans le nord du pays. Selon lui, les démarches de la formation au pouvoir visent à éviter une unité de deux grands adversaires politiques. « Depuis 1994, nous avons trois pôles politiques qui régulent la vie politique ivoirienne. Ce sont les alliances de deux de ces trois pôles qui font basculer le pouvoir dans la balance de ceux qui ont contracté l’alliance. Le président Alassane Ouattara ne veut pas que l’union entre Bédié et Gbagbo prenne réellement forme. Cela lui ferait deux grands adversaires politiques à affronter. C’est donc pour éviter l’union entre Bédié et Gbagbo qu’il envoie ses émissaires et des autorités coutumières rencontrer le président Bédié », analyse-t-il pour 7info.
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Le « divorce » entre le PDCI et le RHDP a commencé depuis 2018 juste avant la période de la transformation de la plateforme des Houphouétistes en parti politique unifié. Depuis, Henri Konan Bédié le président du PDCI-RDA a pris ses distances d’avec ses ex-alliés du RHDP.
En 2010, alors que les relations étaient au beau fixe, le leader du PDCI avait fait baptiser son « jeune frère » Alassane Ouattara du nom de « Alla Gnissan » entre les deux tours de la présidentielle afin de le faire aimer des populations du centre du pays. Mais pendant la période qui a suivi la présidentielle d’octobre 2020, Henri Konan Bédié a, au cours d’une rencontre avec la chefferie Baoulé, retiré ce pseudonyme. Difficile de dire si oui ou non Bédié retournera avec celui qui l’a mis en résidence surveillée début novembre 2020.
