Depuis son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI) en janvier 2019, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo désire retourner en Côte d’Ivoire, son pays. Mais ce souhait tarde à se réaliser malgré les initiatives prises. Ses proches accusent les autorités ivoiriennes de faire traîner le projet. Une accusation que rejette le camp présidentiel.
Après l’obtention de ses deux passeports fin 2020, Laurent Gbagbo le fondateur du Front populaire ivoirien (FPI) espérait rentrer en Côte d’Ivoire avant la fin de l’année écoulée. Mais le désir n’a pu se réaliser. Dans la foulée cependant et sur instructions de leurs mentor les anciens ministres Assoa Adou et Sébastien Danon Djédjé ont demandé et obtenu une audience avec le Premier ministre Hamed Bakayoko le 6 janvier 2021. A cette rencontre, le secrétaire général du FPI a fait part au chef du gouvernement, du souhait de l’ancien président ivoirien de rentrer au bercail. Le Premier ministre avait alors montré sa disponibilité à faciliter le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. Un mois après, le FPI dénonce une lenteur dans la réalisation de ce désir.
« Le 06 janvier 2021, le Premier ministre a reçu le secrétaire général du FPI en compagnie du ministre Sébastien Danon Djédjé, vice-président du parti en charge du dialogue politique et de la réconciliation. Le secrétaire général du FPI a alors exprimé à son hôte, le souhait du président Laurent Gbagbo de rentrer dans son pays le plus rapidement possible. En réaction, le Premier ministre s’est dit disposé à œuvrer pour le retour effectif du président Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire….Et depuis, plus rien, malgré les multiples relances téléphoniques sans suite, du Dr Assoa Adou », déplore Assoa Adou dans un communiqué le jeudi 11 février 2021.
Poursuivant, il a annoncé la mise sur pied dans « les prochains jours d’un Comité national d’accueil » de l’ancien dirigeant ivoirien. Assoa Adou a également invité le gouvernement « à réunir, dans un délai convenable, les conditions du retour effectif » en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo.
Une accusation non fondée, selon le camp présidentiel
Pour l’ancien ministre Joël N’Guessan, par ailleurs cadre du RHDP le parti au pouvoir, cette accusation des proches de Laurent Gbagbo n’est pas fondée. « Je ne m’intéresse pas aux négociations, et je ne parle pas de ce que je ne sais pas. Mais je suis sûr d’une chose, ces accusations de l’opposition ne sont pas fondées. Ce sont des accusations gratuites », fait savoir à 7info.ci le membre du conseil politique du RHDP.
Du côté de la société civile, notamment de la représentation des victimes de la crise postélectorale de 2021, le moment n’est pas opportun pour le retour de Laurent Gbagbo. « Pour nous les victimes, le retour de Gbagbo n’est pas envisageable actuellement. Il n’est pas question qu’il rentre maintenant car le processus à la Cour pénale internationale (CPI) n’est pas encore terminé. L’affaire n’a pas encore été classée. Il doit attendre la fin de procès avant d’envisager un quelconque retour au pays », explique Issiaka Diaby, président des victimes de la crise postélectorale de 2010-2011, joint par 7info.ci. Et de continuer : « Ce que le pouvoir et l’opposition se disent ne nous concerne pas. Nous, nous voulons que justice soit rendue » conclut-il.
Arnaud Houssou
7info.ci