Défense

Retrait des troupes françaises, voici ce qu’il en reste en Afrique

Mis à jour le 2 janvier 2025
Publié le 02/01/2025 à 5:00 , , , ,

Simple coïncidence ou timing concerté ? Les président ivoirien Alassane Ouattara et sénégalais Bassirou Diomaye Faye ont annoncé la fin de la présence militaire française dans leurs pays en 2025, dans leur discours radiotélévisé de nouvel an ce mercredi 31 décembre 2024.

 

Si Bassirou Diomaye Faye n’a pas spécifiquement cité la force française, se contentant d’élargir l’éventail en parlant de “présences militaires étrangères’’ et n’a pas donné d’indication sur le mois prévu pour son retrait effectif, Alassane Ouattara s’est quant à lui montré beaucoup plus précis.

“Nous avons décidé du retrait concerté et organisé des forces françaises en Côte d’Ivoire.

Ainsi, le camp du 43e Bima de Port-bouet sera rétrocédé aux forces armées de Côte d’Ivoire dès ce mois de janvier 2025.

Pour marquer cette nouvelle étape dans la vie de notre armée, j’ai décidé de baptiser ce camp du nom du général Ouattara Thomas d’Aquin, militaire au parcours exceptionnel et tout premier chef d’Etat-major de l’armée ivoirienne’’, a déclaré Alassane Ouattara.

Le 28 novembre 2024, à quelques jours de la célébration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais tués le 1er décembre 1944 à Thiaroye, le président Bassirou Diomaye Faye, interrogé par une chaine de télévision française, avait évoqué le caractère non conforme à la souveraineté de la présence militaire française en Afrique.

« Est-ce qu’en tant que Français, vous envisagez de nous voir dans votre pays, avec des chars, des militaires sénégalais ?

Quand vous inversez un peu les rôles, vous concevrez très mal qu’une autre armée, la Chine, la Russie, le Sénégal ou n’importe quel autre pays puisse avoir une base militaire en France », avait-il indiqué au journaliste qui l’a interpellé sur sa position sur les 350 militaires français encore présents au Sénégal.

Ces déclarations présidentielles relancent encore une fois le débat sur l’avenir des forces françaises en Afrique, où elles ont été particulièrement contestées avant d’être congédiées ces dernières années.

Les bases militaires sur le continent…

En Afrique, la France dispose de bases militaires à Djibouti, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Gabon et au Tchad.

Djibouti

Les forces françaises stationnées à Djibouti sont présentes sur place depuis l’indépendance du pays.

Avec près de 1 500 hommes, elles représentent le plus grand contingent de militaires français en Afrique.

Sous le coup d’un protocole provisoire en date de juin 1977, un nouvel accord de défense, entré en vigueur depuis 2014, fixe leurs conditions de stationnement à Djibouti.

Côte d’Ivoire

En 2012, la proximité historique entre la France et la Côte d’Ivoire avait fait sceller un accord de partenariat de défense entre les deux pays.

C’est ainsi que le 1er janvier 2015, les forces françaises en Côte d’Ivoire ont été créées pour constituer l’une des bases opérationnelles avancées en Afrique.

Après la fin de mission de l’opération Licorne le 26 janvier 2015, avec au moins 950 hommes sur place, les forces françaises en Côte d’Ivoire sont devenues des forces de présence pour assurer un relais opérationnel dans cette zone.

Gabon

Déployées dans le pays depuis son indépendance en 1960, conformément aux accords de défense d’août de la même année, les forces françaises au Gabon (EFG) sont devenues au 1er septembre 2014, les éléments français au Gabon, avec environ 350 hommes.

Avec Dakar au Sénégal, elles constituent le deuxième pôle opérationnel de coopération (POC) à vocation régionale.

Selon le site du ministère français de la Défense, les éléments français au Gabon comprennent un échelon de commandement, une unité terrestre (le 6e Bataillon d’Infanterie de Marine ou 6e BIMA) implanté au camp Charles De Gaulle à Libreville et une unité aérienne implantée à la base aérienne Guy Pidoux.

Sénégal

Avec près de 400 hommes, les éléments français du Sénégal (EFS), présents depuis 2011, assurent la formation des soldats des pays de la région.

Implantés au camp colonel Frédéric Geille à Ouakam et au camp contre-amiral Protet au port militaire de Dakar, les éléments français du Sénégal disposent d’une escale aérienne à l’aéroport militaire Léopold Sédar Senghor de Dakar.

Les EFS disposent également d’une station d’émission haute fréquence de la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (DIRISI) basée à Rufisque.

Tchad

Dans un communiqué rendu publique le 28 novembre 2024, à la suite de la visite du chef de la Diplomatie française, Jean-Noël Barrot, à Ndjamena, le Tchad a annoncé « sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française révisé le 5 septembre 2019, visant à renforcer la coopération en matière de sécurité et de défense entre les deux nations ».

Les éléments français au Tchad (EFT), près d’un millier d’hommes, ont pour mission de garantir la protection des intérêts français et de ses ressortissants vivant dans le pays.

Ils apportent également un soutien logistique et un appui aux renseignements aux forces armées tchadiennes, conformément à l’accord de coopération signé entre les deux pays.

En 2013, le dispositif Épervier comptait près de 950 militaires affectés à deux bases principales, la base aérienne 172 à Ndjamena et la base capitaine Croci à Abéché, dans l’Est du Tchad.

A Faya, dans le Nord du pays est stationné un détachement d’une cinquantaine d’hommes. En 2014, l’opération Barkhane remplace officiellement les opérations Épervier et Serval pour appuyer les pays sahéliens partenaires.

Serge Alain Koffi

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