« Il y a feuilles de neem, ça soigne coronavirus », s’égosille un vendeur ambulant dans un quartier de la commune de Cocody (Est Abidjan). Plusieurs feuilles sont entassées dans un sachet et lui servent de marchandises pour cet homme d’une trentaine d’années, « 500-500 », précise-t-il.
Dans d’autres communes d’Abidjan, les prix varient de 200 F à 500 Fcfa. Les feuilles de neem ou margousier, sont un antipaludéen qui selon des avis non scientifiques, contiendraient de la chloroquine, molécule suspecte qui fait débat entre les hommes de la science pour le traitement contre le coronavirus.
Le mercredi 25 mars, le ministre ivoirien de la santé et de l’hygiène publique, Dr Eugène Aka Aouélé, a estimé que la Côte d’Ivoire est ouverte à « toutes les possibilités » pour le traitement du Covid-19, et la chloroquine n’est pas à exclure.
Depuis lors, une vidéo postée sur les réseaux sociaux circule, montrant, des personnes qui se ruent sur les différents arbres de neem qui sont dans le district d’Abidjan pour couper les feuilles et les racines.
Ce jeudi 26 mars, le gouvernement français a autorisé, après plusieurs jours de polémique, l’utilisation de la chloroquine, molécule utilisée contre le paludisme, pour traiter les patients graves atteints du Covid-19.
En Côte d’Ivoire, rien n’a encore été signalé, l’on enregistre 96 cas détectés positifs dont trois personnes guéries.
Le margousier/margosier (Azadirachta indica), ou neem (graphie anglaise du bengali nim (নিম)), est un arbre originaire d’Inde appartenant à la famille des Méliacée. Il est l’une des deux espèces du genre Azadirachta et est originaire d’Inde et du sous-continent indien (Népal, Pakistan, Bangladesh et Sri Lanka). Il est généralement cultivé dans les régions tropicales et semi-tropicales. Ses fruits et ses graines sont la source de l’huile de neem.
C’est un puissant désinfectant largement utilisé en médecine ayurvédique, application externe du jus des feuilles par exemple ou d’une huile faite à partir de ce jus. Utilisation interne également des feuilles, fleurs dans la cuisine notamment dans le cas de maladies infectieuses comme la lèpre ou la blennorragie. Les fruits et l’écorce font aussi partie de l’arsenal thérapeutique (Ayurvedic pharmacopaea of India). Le neem est également utilisé dans les bains.
Les branches sont utilisées comme brosse à dent.
Les graines et l’huile qui en est issue sont utilisées comme moyen de contraception ou comme abortif. Chez les petits enfants, l’huile de neem est toxique et peut conduire à la mort. Les graines et l’huile ont un effet abortif.
En Afrique de l’Ouest et notamment en Côte d’Ivoire, les feuilles et les écorces de neem sont utilisées pour soigner le paludisme.
Par la décision 2008/941/CE du 8 décembre 2008, pour des problèmes de toxicité, la Commission européenne a refusé l’inscription de l’azadirachtine (substance active de l’huile de neem) à l’annexe I de la directive 91/414/CEE, ce qui revient à interdire aux États membres d’incorporer cette substance active dans les préparations bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché sur leur territoire. Par conséquent son usage comme insecticide est interdit en agriculture, maraîchage, jardinage, espaces verts, serres. Un délai d’utilisation a été maintenu jusqu’en 12/2010 (pouvant être prolongé au maximum jusqu’en 12/2011). L’azadirachtine n’est d’ailleurs pas autorisée en France. Elle figure cependant, parmi la liste des substances actives naturelles proposées par la commission « Moyens alternatifs et protection intégrée des cultures » de l’AFPP.
Un usage dans des locaux (habitation, bureaux) est logiquement autorisé, car le produit relève alors de la directive Biocides.
Sandra Kohet
7info.ci