« Je trouve que cette démarche de ce confrère est à la fois puérile et ridicule », a réagi Aïssata Tall Sall, la ministre des Affaires étrangères du Sénégal. Elle s’exprimait sur les actions intentées en France et à la Cour pénale internationale, par un avocat de Ousmane Sonko contre le président Macky Sall.
La réaction ne s’est pas fait attendre. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la nouvelle de la saisine de la justice française et la demande d’enquête émise à la Cour pénale internationale (CPI) contre Macky Sall, n’inquiètent pas l’entourage du président sénégalais. Invitée du confrère France24, Aïssata Tall Sall, la ministre des Affaires étrangères du Sénégal a tourné en dérision l’affaire.
« Je trouve que cette démarche de ce confrère est à la fois puérile et ridicule. Elle aurait pu être puérile et s’en arrêter à ça, mais elle est les deux à la fois, et je vais vous dire pourquoi. Quand on va saisir la Cour pénale internationale que nous dit le statut de cette Cour ? Il n’y a que trois personnes pour saisir la Cour pénale internationale. Il faut que ce soit un Etat partie, il faut que ce soit le Conseil de sécurité des Nations Unies, il faut que ce soit le procureur. Où va-t-il saisir la Cour pénale internationale sans passer par le procureur ? », commente-elle.
Selon la ministre sénégalaise, même une intervention du procureur de la CPI suit des règles.
« Une fois que le procureur lui-même est saisi, il faut qu’il vérifie la complémentarité de l’action judiciaire. C’est-à-dire que la Cour pénale internationale ne peut pas se prononcer tant qu’il y a une justice interne nationale qui suit son cours pour les mêmes faits. Et c’est le cas au Sénégal », révèle-t-elle.
Le mercredi 14 juin 2023 à la veille de l’ouverture en France du sommet de Paris sur le Pacte financier mondial, Me Juan Branco, un avocat de Ousmane Sonko a déposé une demande d’enquête de la justice internationale contre Macky Sall pour « crimes contre l’humanité ». L’avocat de l’opposant sénégalais accuse le président sénégalais de crimes contre l’humanité. Crimes qui ont été « commis dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique de la population civile » « entre mars 2021 et juin 2023 ». Allusion faite aux violences meurtrières enregistrées dans le pays et qui ont des liens avec Ousmane Sonko. Pour l’avocat, au moins 50 personnes ont été tuées durant cette période.
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Juan Branco a également déposé un dossier devant la justice française pour les mêmes faits.
« (…) pour la saisine de la France, c’est là où on tombe dans le ridicule. Puisqu’apparemment même s’il ne dit pas, je pense que c’est comme cela que ce confrère veut se fonder sur la compétence universelle qui aussi a ses conditionnalités parfois même beaucoup plus graves que ça. Mais au-delà de tout cela, on va dire que c’est un débat de puristes et de juristes. Au-delà de tout ça, de quoi est-ce qu’il est question ? Il est question du Sénégal, notre pays où il y a eu des violences le 1er juin et le 2 juin. Où il s’est passé quelque chose de grave pour laquelle nous sommes en train de situer les responsabilités. Quand on voit des policiers attaqués et agressés, quand on voit les casernes de gendarmerie, les édifices publics sur la base de cocktail molotov et tout cela est acté et même prouvé. Quand on voit des manifestants tirer sur d’autres manifestants… mais il y a de quoi s’arrêter. En quoi la Cour pénale internationale ou la compétence universelle peut venir s’incruster dans cette affaire du Sénégal alors que la justice nationale est en train de faire son travail ? », s’interroge Aïssata Tall Sall.