Apporter des réponses opérationnelles aux différents défis liés à la santé mentale des populations ivoiriennes et africaines. Un objectif qui motive la tenue de la première conférence régionale sur la santé mentale à Abidjan. La cérémonie d’ouverture a eu lieu le jeudi 7 décembre 2023, avec la participation de plusieurs pays francophones et anglophones.
Cinquante participants dont le ministère de la Santé, des organisations internationales, des associations professionnelles en santé mentale et des organisations de défense des droits de l’homme issus des pays de la sous-région ouest africaine, sont en conclave à Abidjan du 7 au 8 décembre 2023.
Leur principal objectif, faire un état des lieux de l’intégration des services de santé mentale et soutien psychosocial dans les soins primaires, communautaires et humanitaires en Afrique de l’ouest. Cette grande rencontre, la première du genre, intervient deux ans après le début de la mise en œuvre d’un projet portant sur l’accès aux soins liés à la santé mentale et à l’épilepsie, déployé dans la région sanitaire de Gbêkê. Un projet piloté par Programme national de la santé mentale de Côte d’Ivoire, avec l’appui technique et financier de l’ONG Médecins sans frontières Afrique de l’ouest, Afrique centrale.
Selon le Professeur Koua Asséman Médard, le directeur coordonnateur du Programme national de la santé mentale de Côte d’Ivoire, la tenue de cette rencontre fait suite à un constat fait sur le terrain.
« La santé mentale n’est pas intégrée dans le système de santé comme c’est le cas pour les autres problèmes de santé publique. Et très souvent, les questions de santé mentale sont abordées en marge des systèmes de santé, des structures de santé de base, des soins de santé primaire et au niveau communautaire. Malheureusement, ça crée des déficits en termes d’accès aux services de santé pour tous les patients. Il y a des personnes qui ont des problèmes de santé mentale, qui n’ont pas accès aux services de santé de base. Elles sont généralement référées vers les structures spécialisées et ce gap de couverture de services fait qu’il y a beaucoup de structures parallèles offrant des services qui menacent souvent la protection juridique des patients. Il fallait donc rencontrer les acteurs, ONG des autres pays pour voir comment réfléchir sur le modèle d’intégration en matière des services de santé mental, ceux qui marchent et ceux qui sont à améliorer pour que ces modèles soient adaptés à nos modèles africains », révèle Professeur Koua Médard.
Pour le projet d’accès portant sur l’accès aux soins liés à la santé mentale et à l’épilepsie, dans la région sanitaire de Gbêkê, MSF WACA a développé une approche particulière.
« L’approche que nous avons pour ce projet est différente de l’approche classique de Médecins sans frontière Afrique de l’ouest, Afrique centrale (MSF WACA). Nous sommes dans une logique de co-construction de projet. Pour tous les projets que nous montons, s’il n’y a pas une adhésion ou une collaboration de la communauté, c’est sûr que ces projets ne vont pas être pérennisés. Nous privilégions surtout la discussion et la concertation avec la communauté sur la conduite des projets, mais aussi la compréhension des projets. Nous leur faisons savoir que le projet est fait pour eux et c’est ensemble qu’on peut avancer. Nous restons, fidèle à notre mission sociale et dans le respect de notre support aux défis et aux efforts continus du ministère de la Santé de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle pour assurer l’accès adéquat aux soins de qualité à l’ensemble des populations Ivoiriennes », explique Docteur Issouf Sallah, directeur général par intérim de l’ONG Médecins sans frontières Afrique de l’Ouest, Afrique centrale.
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Des témoignages sur les aspects de la santé mentale, des sessions sur la présentation de l’intégration de la santé mentale dans les systèmes de santé publique en Afrique de l’Ouest, un panel sur la problématique en matière de disponibilité et de l’accessibilité aux médicaments psychotropes et antiépileptiques, des échanges d’expériences et de bonnes pratiques étaient au centre de cette rencontre.
Plusieurs défis ont été énumérés lors de cette première journée. Il s’agit entre autres de la disponibilité et l’accessibilité aux médicaments psychotropes et antiépileptiques, les possibilités de réinsertion professionnelle des patients stables et la perception par les populations sur les problèmes de santé mentale.
A ce titre, le Professeur Koua Asséman Médard, dévoile un pan de la stratégie qui sera déployée par le Programme national de la santé mentale de Côte d’Ivoire.
« La première stratégie c’est l’éducation des populations sur les questions de santé mentale. De sorte à ce qu’elles aient le même réflexe d’aller dans le centre de santé le plus proche, quand elles ont des signes d’un problème de santé mentale, tout comme elles le feraient quand elles ont la fièvre. De plus, nous devrons œuvrer à ce que la communauté et toutes les forces vives de la nation soient engagées et permettent d’investir dans des actions transformatrices pour que les populations accèdent aux services de santé mentale de base », révèle-t-il.
« Intégration de la santé mentale dans les soins primaires, communautaires et humanitaires en Afrique de l’Ouest : état des lieux, défis et perspectives », est le thème retenu pour la 1ère conférence régionale sur la santé mentale publique.
Le plaidoyer pour l’intégration des prestations de soins de santé mentale primaires dans les régimes d’assurance pour une meilleure couverture sanitaire universelle, les défis en matière de disponibilité et d’accessibilité aux médicaments psychotropes et antiépileptiques, les défis de la réinsertion socioprofessionnelle, sont entre autres résultats attendus.
Maria Kessé