Hommes, femmes, personnes âgées et même les jeunes, personne n’est à l’abri du suicide. Depuis quelques mois, les cas de suicide sont de plus en plus récurrents en Côte d’Ivoire. Auparavant l’apanage d’une certaine classe sociale, ce problème de santé mentale touche désormais le citoyen lambda, peu importe son statut. Contrairement aux problèmes de santé physique dont les signes sont remarquables, ceux liés à la santé mentale sont malheureusement insidieux, donc difficilement détectables pour le commun des mortels.
Comment donc identifier les signaux d’alerte liés au suicide ? Joint par 7info, Professeur Koua Asseman Médard, directeur du Programme national de santé mentale, dévoile les signes d’appel qui doivent interpeller.
« Il y a quatre signes d’alerte de détresse psychologique qu’il faut repérer. Le premier signe, ce sont les pensées perçues en fonction du discours de la personne. Par exemple, quelqu’un qui depuis un certain moment prononce des phrases comme : ‘’je ne sais pas pourquoi je suis sur la terre’’, ‘’si je pouvais dormir et ne pas me réveiller ça serait bien’’. Le deuxième signe c’est le cas d’une personne qui pleure beaucoup sans raison, qui est beaucoup triste ou qui est verbalement agressive. Le troisième signal c’est au niveau physiologique. La personne n’a plus envie de s’alimenter et va maigrir ou va commencer à ne plus bien dormir. Le quatrième et dernier signal d’alerte c’est au niveau du comportement. C’est par exemple le cas d’un élève travailleur qui a subitement abandonné le chemin de l’école et consomme des substances illicites. Pris ensemble, ces quatre signes forment l’alerte qu’il y a un problème de santé mentale », révèle-t-il.
En Côte d’Ivoire, 23 personnes sur 100 000 se suicident chaque année, principalement chez les 20-29 ans. Une population qui n’ose pas appeler à l’aide par peur d’être stigmatisée.
Le 29 mars 2023, un homme dont l’identité n’a pas été révélée se donnait la mort en se jetant du pont piéton sur l’axe Adjamé-Yopougon. Ce même jour, un agent d’une régie financière de l’État mettait fin à ses jours en se projetant du 6e étage de son immeuble à Locodjro. Plus tôt au mois de janvier 2023, trois cas de suicides, dont deux étudiants à Abidjan et une enseignante, ont secoué le pays.
Le directeur du Programme national de la santé mentale recommande de pouvoir vite identifier les signes d’alerte du suicide, pour mieux orienter et prendre en charge les malades. Au risque d’être confronté à d’autres tentatives de suicide ou même à des suicides comme c’est le cas actuellement.
Maria Kessé
