Côte d’Ivoire

Sécurité et égalité, les femmes journalistes et photojournalistes appellent à la solidarité

Mis à jour le 13 juillet 2018
Publié le 04/02/2018 à 2:27
Un atelier de restitution sur la sécurité et l’égalité des femmes journalistes et photojournalistes s’est tenu du 1er au 2 février 2018 à la maison de la presse d’Abidjan. Les participantes ont marqué leur indignation face à la brutalisation d’Olga Ottro, photo-reporter du quotidien le Nouveau Réveil le 29 janvier au tribunal du plateau. Elles ont, par ailleurs, échangé des stratégies pour s’affirmer le mieux dans leur environnement professionnel.
 
Olga Ottro, photo-reporter du quotidien ivoirien le Nouveau Réveil  s’est rendue au tribunal d’Abidjan-Plateau, le 29 janvier 2018. Partie  couvrir l’affaire du député accusé d’avoir giflé une policière, la photo-reporter affirme avoir été giflée  à son tour par un policier. Dans une vidéo qui circule sur internet, on la voit se faire brutaliser dans la cour du palais du tribunal par des hommes en uniforme. Selon les informations rapportées par son organe de presse, son appareil photo a été arraché et elle-même a été placée en garde à vue puis libérée peu après.
 
Ce cas pratique a attiré l’attention des femmes de médias qui ont pris part à l’atelier de restitution sur la sécurité et l’égalité des femmes journalistes et photojournalistes. L’événement s’est tenu du 1er au 2 février 2018 à la maison de la presse d’Abidjan.
 
Les journalistes ivoiriennes Assa Diarra et Rosemonde Kouadio, formatrices, ont présenté le cas de la photo-reporter de le Nouveau Réveil à l’instar d’autres cas,   comme un problème lié à la sécurité sur le terrain. « L’exemple d’Olga Ottro nous interpelle. Apportons-lui notre solidarité. Soyons solidaires pour que les droits des femmes journalistes et photojournalistes soient respectés », a invité Rosemonde Kouadio.« Quand un cas de ce genre se présente, les femmes des médias devraient faire plus de bruits. On regrette que cela ne soit pas le cas. Faisons en sorte d’être solidaire par des actions qui marquent le coup afin que nos voix soient entendues. Croyiez vous que si c’était un homme, il y aurait eu ce silence autour de l’affaire ? Soyons solidaires », a insisté pour sa part Assa Diarra.
 
Par ailleurs, par une méthode interactive, doublée d’exercices pratiques, les deux formatrices ont instruit les participantes sur leurs droits. Les actrices des médias ont été sensibilisées sur les nuances entre égalité et équité, sécurité et sûreté. L’intégration du genre, la violence et le harcèlement sexuel de même que la sécurité sur le terrain ont été abordés sans tabous, cas pratiques à l’appui.
 
Les formatrices Assa Diarra et Rosemonde Kouadio restituaient ainsi l’atélier du même thème, tenu du 4 au 8 décembre 2017 à Dakar au Sénégal à l’endroit d’auditrices  d’Afrique de l’Ouest. C’est une initiative de l’Union des journalistes norvégiens en partenariat avec la Fédération internationale des journalistes. Les deux formatrices de l’atelier d’Abidjan représentaient à Dakar, l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire  (UNJCI).
 
Ensemble, formatrices et auditrices ont partagé des stratégies pour faire face aux obstacles.  Elles se sont recommandées des astuces pour préparer les missions jugées dangereuses. En cas de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail, la démarche à mener leur a été indiquée. Les participantes ont également été instruites sur les conduites légales à tenir en temps de grossesse et allaitement. « Ne vous sentez pas coupables, vous avez des droits. En cas de problème, renseignez vous davantage auprès de l’inspection du travail », a signifié Rosemonde Kouadio à ses paires. « Nous avons des alliés. N’hésitons pas à les contacter pour nous aider à protéger nos droits. Ce sont les ONG de la société civile, les organisations féminines, les syndicats de la presse, les organisations professionnelles et même le ministère de la Femme », a conseillé Assa Diarra.
 
Le bon rendement au travail est aussi présenté comme un atout indéniable.
 
A la clôture de l’atelier,  Laurent Okoué, vice-président de l’UNJCI chargé du sponsoring, a rappelé l’attachement de la faîtière des journalistes à la promotion du genre.
 
Selon les statistiques 2016, la représentativité des femmes  dans les instances de décision est faible en Côte d’Ivoire. Le milieu des médias n’y n’échappe pas. La presse écrite traditionnelle ne compte qu’une   Directrice de publication et deux Rédactrices en chef.  Il n’existe pas de patronne de presse écrite.
 
Nesmon De Laure
 
Source: Rédaction Pôleafrique.info
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