Un Observatoire pour l’employabilité des personnes handicapées de Côte d’Ivoire, est l’idée lancée ce mardi 25 février 2020 par Joël N’guessan et ses frères, personnes handicapées de Côte d’Ivoire, afin de faire respecter les textes de lois et conventions ratifiées par la Côte d’Ivoire.
Selon Raphaël Dogo, président de la Fédération des associations de personnes handicapées de Côte d’Ivoire, qui a présenté le contexte de cette rencontre, « selon le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2014, il est dénombré 453 000 personnes handicapées en Côte d’Ivoire, soit, 0.6% de la population globale, loin derrière la moyenne mondiale qui est de 15% selon le dernier rapport de la banque Mondiale et de l’organisation mondiale de la Santé en 2011 ».
« On peut donc estimer, selon toute vraisemblance, la population handicapée en Côte d’Ivoire à 3 millions de personnes, tous types de handicap confondus » a-t-il relevé.
Pour donner un écho à la promesse de Joël N’guessan, président du conseil de gestion du FDFP, qui depuis 1974 a engagé la lutte pour l’amélioration des conditions de vie et la promotion des droits des personnes handicapées, les responsables d’associations ont répondu présent à son appel de ce mardi.
Joël N’guessan estime que « 2020 est une année favorable ».
« L’accessibilité aux bâtiments publics (…) y compris les établissements de santé, l’accès aux transports publics, aux infrastructures de détente, de loisir ou de sport » demeure un casse-tête pour les personnes vivant avec handicap. Parmi ces personnes, selon Raphaël Dogo, « les femmes handicapées sont les plus exposées au chômage, aux violences physiques et sexuelles, tandis que 98% des enfants handicapés n’ont pas accès à l’éducation. »
Le tableau de l’inclusion de la personne handicapée dans la société ivoirienne n’est pas reluisant, avec 1 à 2 % d’entreprises privées qui respectent « l’obligation réglementaire d’emploi de travailleurs handicapés en raison des réticences des entreprises privées à employer des personnes handicapées » a soutenu Raphaël Dogo.
Les textes réglementaires, Constitution, Conventions, Code de procédure pénale et Code de procédure civile, loi, Code électoral, convention collective interprofessionnelle, tout est foulé au pied en Côte d’Ivoire.
« Mais, aucun changement qualitatif important n’est intervenu dans le regard porté par la société sur les personnes handicapées, faute de suivi et de contrôle de la mise en œuvre des actions », a déploré le président de la FAHCI.
Solution, la création d’un « Observatoire national de l’employabilité des personnes handicapées en tant qu’autorité administrative indépendante », a recommandé Raphaël Dogo au nom de ses pairs.
Et Joël N’guessan de révéler que « le projet d’ordonnance de création de l’Observatoire est sur la table du Président de la République ».
Pour Ange Dagaret Dassaut, Directeur de Cabinet du maire de Cocody, « on sera un pays moderne quand la personne handicapée sera à l’aise ». Mais, qui est personne handicapée ? C’est à cette réponse que Me Mensah Brigitte, Avocate à la Cour, qui vit les deux expériences de personne bien portante et personne non voyante aujourd’hui, propose la mise en place d’une « carte d’invalidité » dont l’absence pénalise la personne handicapée.
Or, parmi ces personnes handicapées, il y a des personnes de valeur, courageuses, « qui ne se sont pas laissées handicaper par leurs handicaps » selon la journaliste Agnès Kraidy, qui sort en mars prochain, un livre, « Les Affranchis du sort ».
En tout cas, les personnes handicapées de Côte d’Ivoire, ont décidé de faire la promotion des textes qui les protègent, leur ouvrent les portes, leur facilitent la vie et leur donne accès au travail et à un mieux-être.
Ainsi, le Code des impôts en Côte d’Ivoire exonère la personne handicapée de vignette auto pour une automobile à usage personnel. « La Côte d’Ivoire est championne du monde en matière de lois de protection des personnes handicapées mais il n’y a aucun changement » a déploré Raphaël Dogo.
Adam’s Régis SOUAGA
7info.ci