Le Mali est à l’honneur. La capitale, Bamako, accueille ce vendredi 13 et samedi 14 janvier, la 27ème édition du sommet France-Afrique. Que doivent attendre les Etats africains de cette rencontre dans un contexte de grogne anti-Franc CFA ?
Pas grand-chose, estime-t-on sur le continent. Dr Séraphin Prao Yao est Enseignant-chercheur en Economie à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké. Il est sans équivoque. Amère, il estime qu’il n’y a rien à espérer de ce sommet. « Ces sommets Afrique-France n’ont rien apporté à l’Afrique. Ce 27ème sommet vient encore confirmer la pérennisation de l’esprit néo-colonialisme et l’impérialisme français en Afrique », estime l’économiste ivoirien à Politikafrique.info.
Palé Dimaté, spécialiste des questions internationales ne soutient pas cette critique acerbe contre le sommet Afrique-France. « Tout sommet est important. Premier apport, le réchauffement des liens entre la France et ses anciennes colonies africaines. Après tout, la France reste toujours le pays qui a donné les premières aides aux pays africains de la zone Franc afin de les aider à se développer », justifie-t-il.
Le Franc CFA est une monnaie utilisée dans deux grandes zones sur le continent africain. Ce sont la zone UEMOA (Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Mali, Bénin, Togo, Niger, Sénégal, Guinée-Bissau) dans la partie ouest de l’Afrique, et la zone CEMAC au centre du continent (Gabon, République du Congo, République centrafricaine, Cameroun, Tchad, Guinée Equatoriale). Cette devise est dernièrement décriée par des citoyens de ces pays.
Le samedi 7 janvier dernier, plusieurs manifestions anti-franc CFA ont eu lieu dans certains pays africains et occidentaux. Les contestataires la qualifient de monnaie colonialiste. Aussi, souhaitent-ils qu’elle soit purement et simplement supprimée. Pour Palé Dimaté, ces manifestations anti-Franc CFA, s’expliquent par « une sorte de nationalisme qui monte aujourd’hui dans les pays africains ».
Il fait savoir que « Beaucoup d’intellectuels africains pensent qu’après la libération politique où, les pays africains ont eu leur indépendance, il faut la seconde libération qui est économique, c’est-à-dire que ces pays doivent avoir leur monnaie, une autonomie monétaire ». Si le spécialiste ivoirien des relations internationales salue cette opinion, il émet toutefois des réserves. Palé Dimaté estime que les pays africains qui utilisent le Franc CFA, « ne sont pas encore prêts pour avoir leur propre monnaie. Ils ne peuvent pas encore être indépendants économiquement vis-à-vis de l’ancienne métropole, car il manque encore un certain nombre de technologie pour que l’Afrique se prenne en charge », justifie-t-il.
Créé le 26 décembre 1945, le Franc CFA est une monnaie issue de la coopération monétaire entre les pays de la zone Franc et la France. Selon un participant au sommet de Bamako, joint par la rédaction, la question de cette monnaie ne sera pas à l’ordre du jour.
La raison ? Dr Séraphin Prao Yao l’explique par le désir de la France de contrôler les économies des pays africains. A l’en croire, « Le Franc CFA est une monnaie néocoloniale, une monnaie qui a appauvri les pays africains de la zone Franc ». Et d’ajouter « Partout dans le monde, tous les pays et groupements sérieux ont leur monnaie. Le seul continent qui pérennise une monnaie coloniale, c’est la zone Franc, les 14 pays africains et la France. Franchement, c’est une honte ».
Le sommet Afrique-France- est né en 1973 sous l’initiative de l’ancien Président Français, Georges Pompidou. Ce 27ème sommet est placé sous le thème du « partenariat, de la paix et de l’émergence ».
Gnoungo Fanta
Source : Rédaction Politikafrque.info