Politique

Soro annonce son retour : un bluff ?

Mis à jour le 30 décembre 2019
Publié le 30/12/2019 à 11:33 , , , , ,

Dans une interview, Guillaume Soro a annoncé son retour en Côte d’Ivoire pour cette semaine. Pourtant sous le joug d’un mandat d’arrêt international pour tentative de coup d’État, le fondateur de Générations et peuples solidaires (GPS) ne craint pas d’être cueilli à son arrivée au bercail. Il s’inquiète plutôt de la stabilité du pays et du bon déroulement de l’élection présidentielle prévue pour octobre 2020.

Guillaume Soro a été clair sur les antennes de RFI : il demeure candidat à l’élection présidentielle 2020 et battra campagne peu importe le lieu. Si la météo est bonne, il saisira l’opportunité de regagner le pays natal cette semaine. Si le ciel se fait gris, il organisera la « résistance politique » depuis Paris, comme le Général de Gaulle depuis Londres en 1940, a-t-il lui-même précisé. Ce qui préoccupe l’ancien président de l’Assemblée nationale, bien plus que le mandat d’arrêt lancé à ses trousses, c’est que les élections se déroulent dans une liberté et une transparence totales. Mais, le député RHDP de Ferkessédougou a des craintes, notamment sur la Commission électorale indépendante (CEI) qu’il juge « stipendiée (..) et aux ordres » du pouvoir ivoirien. Selon lui, « tout le monde sait que la CEI va brûler la Côte d’Ivoire » et tous font semblant de ne pas voir car ils regardent « ailleurs » poursuit-il.  Par brûler, Guillaume Soro n’entend pas mettre le pays à feu et à sang, il parle évidemment d’instabilité. Elle naît selon lui d’une mauvaise maîtrise ou d’une mauvaise organisation des processus électoraux et il serait « dommage » que lui, « quelqu’un qui a organisé une élection en Côte d’Ivoire », ne tire pas la sonnette d’alarme pour dénoncer cela.

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Mais il a bon espoir. « Ça marchera ». Pour cela, le député de Ferkessédougou compte sur les adhérents de GPS et il est serein malgré les scores modestes de ses partisans aux dernières élections locales. Il s’appuie aussi, surtout, sur « le soutien du peuple de Côte d’Ivoire » car « c’est au peuple, et au seul peuple, de décider qui il désignera (…) pour présider aux destinées de la Côte d’Ivoire ». Lequel peuple trompe souvent comme avec le Général Guéï Robert, alors « candidat du peuple » face à Laurent Gbagbo le 26 octobre 2000.

 Face à la farouche détermination de M. Soro, une question légitime subsiste : Sur quoi compte Guillaume Soro ? Projette-t-il vraiment de rentrer au pays ou est-ce un coup de bluff ? Les ambitions sont bien belles, mais l’ex-chef de la rébellion semble faire l’autruche et oublier les lourdes accusations qui pèsent sur sa tête. Et pour cause, jeudi dernier en conférence de presse, le Procureur de la République, Richard Adou, a précisé que tout pouvait se décider en présence ou non du mis en cause. Le mandat d’arrêt émis par le juge d’instruction a immédiatement pris effet lundi dernier. Guillaume Soro sera jugé, présent ou absent. Et même s’il envisageait de faire appel, il aura l’obligation de regagner le sol ivoirien « pour se constituer prisonnier (…) car la procédure pénale se fait en présence de la personne ». Selon les experts, Guillaume Soro risque la prison à vie. Et il faudra plus que l’ancien chef de la rébellion sorte plus qu’un lapin du chapeau pour réussir son tour.

Manuela Pokossy-Coulibaly

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