Deux cas de suicide à Abidjan en deux jours. Après le gendarme qui s’est donné la mort en sautant d’un pont dans la lagune dans la commune de Plateau, un autre cas de suicide est signalé dans une autre commune d’Abidjan ce mercredi 10 juillet 2024, apprend 7info.
Cet autre cas de suicide est signalé à Port-Bouët, une commune dans le sud de la ville d’Abidjan.
Selon l’information, il s’agit d’une situation qui s’est produite dans la matinée de ce mercredi 10 juillet 2024 dans une cité universitaire.
Dans une vidéo sur les réseaux sociaux qui en parle, on peut apercevoir un homme étendu sur le sol. Il est entouré de plusieurs autres personnes qui essaient de lui porter secours.
L’homme dont l’identité n’est pas révélée se serait jeté du 3e étage d’un bâtiment de cette résidence universitaire.
Ce drame n’est pas le premier depuis le début de ce mois de juillet. La veille, un cas de suicide a été enregistré dans la ville d’Abidjan.
Dans la commune de Plateau, le quartier des affaires de la capitale économique ivoirienne, un adjudant-chef de la gendarmerie avait mis fin à sa vie.
Le sous-officier, pour des informations qui ont suivi le drame, avait pris soin de ranger son véhicule de marque Mercedes avant de se jeter dans la lagune Ebrié depuis le pont De Gaule.
Courant avril 2024, Abidjan a vécu un autre cas de suicide dans la commune de Yopougon dans le nord de la ville.
Il s’agit d’un adjudant de la Garde républicaine à la retraite. Selon des témoignages de ses voisins comme relaté dans la presse, le sous-officier retraité « s’est tiré une balle dans la tête ».
Le phénomène semble prendre de l’ampleur dans le pays. Se donner la mort semble l’ultime solution choisie par certaines personnes face à certaines situations.
Le fait inquiète et ne laisse personne indifférent, surtout que dans le pays ce ne sont pas les seuls cas déjà enregistrés.
Qu’est-ce qui peut pousser un homme à mettre fin à sa propre vie ?
Professeur Koua Asséman Médard, est un spécialiste de la santé mentale. Dans un article précédent, courant 2023, il expliquait que les questions mentales y sont pour beaucoup.
« Toute situation de décès présumé par suite de suicide est toujours un drame social, familial, et un drame individuel. Il faut savoir que les suicides constituent un problème de santé et spécifiquement des problèmes de santé mentale », soutient à 7info, le psychiatre et directeur du programme national de santé mentale au ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle.
Pour ce qui est des raisons de ce phénomène, le professeur Koua Asséman Médard est plus explicite.
Selon lui, opter pour le suicide est un ensemble de problèmes qui « sont les résultats d’un niveau de grandes souffrances psychologiques, de grandes détresses psychologiques soit liés à des problèmes de santé physique ou liés à des problèmes de santé mentale. Ou encore à des facteurs extérieurs qui fragilisent des cas de santés mentales des populations ».
À en croire le spécialiste ivoirien, le suicide est la conséquence de deux choses.
La première est « la banalisation ou la non-prise en compte dans nos sociétés des problèmes de souffrances psychologiques. La deuxième est le défi de mieux organiser au niveau national la prise en charge des personnes qui ont des difficultés psychologiques », dit-il.
Selon une étude de huit ans, menée dans la période du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2020 par les Unités de médecine légale du service d’Anatomopathologie du Centre hospitalier universitaire de Treichville à Abidjan, la Côte d’Ivoire enregistre le 3e taux le plus élevé de suicide en Afrique avec 23 cas par an.
Richard Yasseu