Trois cas de suicide dont deux étudiants et une enseignante, enregistrés en janvier 2023 en Côte d’Ivoire, et dernièrement fin mars, deux autres suicides enregistrés dont un homme qui s’est jeté depuis un pont. La liste n’est pas exhaustive. Le phénomène prend de l’ampleur dans le pays. Se donner la mort semble l’ultime solution choisie par certaines face à certaines situations. Le fait inquiète et ne laisse personne indifférent, surtout que dans le pays ce ne sont pas les seuls cas.
Qu’est-ce qui peut pousser un être humain à mettre fin à sa propre vie ? Selon le professeur Koua Asséman Médard, spécialiste de la santé mentale, le phénomène s’explique. Les questions mentales y sont pour beaucoup, dit-il.
« Toute situation de décès présumé par suite de suicide est toujours un drame social, familial, et un drame individuel. Il faut savoir que les suicides constituent un problème de santé et spécifiquement des problèmes de santé mentale », soutient à 7info, le psychiatre et directeur du programme national de santé mentale au ministère de la santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle
Pour ce qui est des raisons de ce phénomène, le professeur Koua Asséman Médard est plus explicite. Selon lui, opter pour le suicide est un ensemble de problèmes qui « sont les résultats d’un niveau de grandes souffrances psychologiques, de grandes détresses psychologiques soit liés à des problèmes de santé physique ou liés à des problèmes de santé mentale. Ou encore à des facteurs extérieurs qui fragilisent des cas de santés mentales des populations ».
À en croire le spécialiste ivoirien, le suicide est la conséquence de deux choses.
La première est « la banalisation ou la non-prise en compte dans nos sociétés des problèmes de souffrances psychologiques. La deuxième est le défi de mieux organiser au niveau national la prise en charge des personnes qui ont des difficultés psychologiques », dit-il.
Selon une étude de huit ans, menée dans la période du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2020 par les Unités de Médecine Légale du service d’Anatomopathologie du Centre Hospitalier Universitaire de Treichville à Abidjan, la Côte d’Ivoire enregistre le 3e taux le plus élevé de suicide en Afrique avec 23 cas par an.
Selon l’OMS, la Côte d’Ivoire occupe le 30e rang mondial et le troisième rang africain (23), derrière le Lesotho (28) et la Guinée Équatoriale (25). Les pays tels que l’Ouganda (20), le Cameroun et le Zimbabwe (19) et le Nigéria (17), complètent la liste des sept pays africains les plus touchés par ce phénomène.
Richard Yasseu