Au mois d’août 2023, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique annonçait la suppression du tronc commun dans les facultés des sciences de la santé. Une décision mal appréciée par certains acteurs. En réponse, le ministère de tutelle dévoile les raisons de ce changement.
« Il est arrivé de voir des bacheliers qui avaient les meilleures moyennes venir échouer lors de l’année préparatoire. Pour dire que le tronc commun c’est un étau qui filtre véritablement les plus méritants mais pas seulement au plan académique. Je suis contre cette décision du ministère parce qu’elle vient biaiser plusieurs aspects qui donnaient cette crédibilité à la formation des futurs professionnels de la santé ». Ou encore, « Le tronc commun c’est un concours d’excellence et on n’a pas à supprimer ce concours qui a placé les cadres de santé ivoiriens à un niveau où plusieurs personnes viennent se faire former en Côte d’Ivoire. En plus, le tronc commun apprend à l’étudiant comment bosser en médecine, à gérer la pression et le stress. Quand tu sors de là, c’est rare que tu reprennes encore des années parce que ça te forme ».
Ce sont autant d’arguments avancés par certains acteurs qui digèrent mal la décision du ministre de l’Enseignement supérieur de supprimer le tronc commun dans les facultés des sciences de la santé.
Suite à cette annonce, c’est désormais un peu plus de 600 étudiants qui seront admis dès la première année en médecine, pharmacie et odonto-stomatologie.
Une décision qui se justifie à plusieurs niveaux selon le ministre Adama Diawara.
« La première raison c’est de ramener la formation en 1ère année dans les UFR des sciences de la santé. Désormais, cette formation aura lieu dans les quatre UFR des sciences de la santé à savoir, médecine, pharmacie, odonto-stomatologie de l’Université Félix Houphouët Boigny et l’UFR sciences médicales de l’Université Alassane Ouattara. La deuxième raison c’est de corriger un certain nombre de dysfonctionnements dans notre système de formation en sciences de la santé. Ainsi, on résout le problème des heures complémentaires parce qu’actuellement les cours qui se font à l’École préparatoire aux sciences de la santé (EPSS) sont comptabilisés comme des heures complémentaires. Cela avec le fait que ça grève le budget de l’université Nangui Abrogoua », explique le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
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Le taux de réussite à l’École préparatoire aux sciences de la santé est en baisse
La troisième raison évoquée par le ministre Adama Diawara est relative au taux de réussite à l’EPSS qui n’est pas reluisant.
« Le taux de réussite à l’EPSS est très bas ce qui induit des pertes en années étudiantes et une perte d’argent pour la formation. Il faut faire en sorte que le taux de réussite soit revu à la hausse. Actuellement à l’Ecole préparatoire aux sciences de la santé, pour l’année 2019-2020 il n’y a que deux amphithéâtres pour 2430 étudiants. Il y a un trop plein d’étudiants, ce qui fait que ça a un impact négatif sur la qualité d’apprentissage et d’absorption des connaissances des étudiants. De plus, vu le nombre pléthorique d’étudiants, c’est difficile de faire des travaux dirigés et des travaux pratiques en petits groupes. C’est vraiment ingérable en capacités d’infrastructures et d’encadrement », a-t-il insisté.
A toutes ces raisons, il faut ajouter le nombre de médecins formés sur une projection à l’horizon 2030 qui se chiffre 3 200, ce qui sera largement en dessous de ce qu’il faut comme personnel dans nos hôpitaux. Selon le ministère de l’Enseignement supérieur, entre 300 et 500 étudiants sont admis chaque année en licence 2 en sciences de la santé. Alors que compte tenu de la construction des nouveaux hôpitaux, le besoin sera autour de 8 500 médecins.
Maria Kessé