Les prisons ivoiriennes sont plus peuplées que la norme. Le fait n’échappe pas aux élus de la Côte d’Ivoire. Pour cette surpopulation carcérale, le ministre de la Justice et des Droits de l’homme a été interpellé le mardi 13 décembre 2022 à Yamoussoukro par les Sénateurs membres de la Commission des Affaires Économiques et Financières (CAEF). C’était lors de la présentation du budget-programme du ministère dont il a la charge.
« Au 24 février 2022, les prisons ivoiriennes abritaient au total 23 633 détenus. La mise en relation de l’effectif des détenus avec la capacité d’accueil opérationnelle des prisons, estimée à 7 925 détenus au mois de juillet 2020, donne un taux d’occupation des établissements pénitentiaires de 298,2 %. En somme, il ressort que les prisons de Côte d’Ivoire affichent toute une densité carcérale au-delà de 100% », révélait déjà dans un rapport d’enquête, le Conseil national des Droits de l’Homme (CNDH) du 23 au 27 mai 2022.
Des statistiques qui alarment et interpellent plus d’un. Saisissant l’occasion de la présence du ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, venu défendre son budget-programme pour l’exercice 2023, des Sénateurs membres de la Commission des Affaires Économiques et Financières (CAEF) ont voulu connaître les raisons de cette forte surpopulation carcérale. En réponse, Sansan Kambilé a expliqué que cette surpopulation n’est pas le seul fait de la Côte d’Ivoire.
LIRE AUSSI: Droits de l’homme en Côte d’Ivoire, le CNDH dénonce des abus en milieu carcéral
« Vous savez, pour parler de certains sujets, il faut avoir les informations exactes. La question de la surpopulation est mondiale. Aujourd’hui en France, il y a 72 000 détenus dans leurs prisons. Nous sommes à 26 000, mais cela est fonction de notre capacité d’accueil. Les neuf prisons que nous avons datent d’avant les indépendances. Celle de Grand-Bassam date de 1900, celle de Daloa de 1919 ; Séguéla 1932, Adzopé 1936, Tabou 1936, Aboisso 1938, Sassandra 1943, Bouaflé 1950. Les prisons construites entre 1960 et 1970, il y en a 16. Entre 1971 et 1980, il y en a eu 7. De 1981 à 1990, il y a celle d’Oumé et la Maca. Entre 1991 et 2018, nous avons eu la prison de Dimbokro », s’est justifié le garde des Sceaux.
Afin d’adresser au mieux la question de la surpopulation carcérale, le ministre de la Justice et des Droits de l’homme annonce le renforcement des infrastructures pénitentiaires.
« Nous sommes en train de construire les prisons de San Pedro et Guiglo qui seront fonctionnelles en 2023 ; la prison de haute sécurité de Korhogo qui sera achevée probablement entre 2023 et 2024. Nous envisageons également construire une prison de haute sécurité à Abidjan et une prison pour femmes », a-t-il conclu.
Au terme des échanges, les Sénateurs ont adopté à l’unanimité des membres présents de la CAEF la dotation budgétaire de 104 988 861 800 FCFA, pour le compte du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme.
Maria Kessé