Le maracana a pris le meilleur sur le football professionnel. En tout cas, c’est qui semble se dessiner au moment de la reprise du championnat national de Côte d’Ivoire. Alors que les matchs du Tchin-Tchin de Jonathan Morrison, refusent du monde, la Ligue 1 cherche des supporters dans les tribunes.
C’est le constat depuis quelques semaines sur le terrain. Les Ivoiriens semblent avoir trouvé l’événement sportif de ces vacances 2022. Il s’agit de la compétition intercommunale de maracana encore dénommée « Cam Tchin-Tchin« .
Les matchs de football amateur organisés dans les quartiers d’Abidjan, se retrouvent dans des enceintes professionnelles avec un public qui s’identifie à la discipline. Le football « petits poteaux » encore appelé maracana a conquis le cœur des jeunes.
Un phénomène important surtout au moment où débute la Ligue 1 de football en Côte d’Ivoire. Les supporters ont boudé le match d’ouverture le samedi 10 septembre 2022. Le « Tchin-Tchin » dame le pion au championnat national et cela pourrait s’expliquer par la proximité de cette forme de football avec le citoyen lambda.
« Cette compétition n’est pas nouvelle. Elle fait partie du mode de vie des populations. C’est l’une des expressions les plus répandues du loisir sportif en Côte d’Ivoire. Le promoteur n’a fait que le restructurer et lui donner un élan national. L’autre aspect de la proximité, ce sont les activités connexes au sport. Tout ce qui se passe autour des matchs compte pour fidéliser les spectateurs. La facilité d’accès à la boisson, à la nourriture, à la musique, etc. Dans les stades avec trop de normes, ce n’est pas le cas, ou du moins, les coûts ne sont pas les mêmes », analyse pour 7info Dr Bini Roland, un sociologue du sport.
Lors du partenariat entre la Fédération ivoirienne de football (FIF) et le groupe CANAL+, le président Idriss Diallo avait annoncé le retour des supporters au stade. Ils ont répondu présent mais pour assister au deuxième match de la journée opposant le club de Lys Sassandra à l’ES Bafing.
Selon Bini Roland, la FIF doit revoir sa stratégie pour attirer les supporters au stade.
« La réalité, c’est que la FIF est en train de commettre la même erreur dans sa gestion que Didier Drogba lors de sa candidature à la présidence de la FIF. Les gens ont oublié que les élections sont finies et qu’il faut penser pour tout le monde. Drogba s’était trompé de cible, et la FIF se trompe de cible. Pendant les élections, la cible, c’est les dirigeants de clubs. Pendant la gestion, la cible c’est aussi bien les clubs (joueurs et dirigeants) que tous les ivoiriens à qui on doit des comptes. L’un sans l’autre, ça ne marche pas », insiste le spécialiste.
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Par ailleurs, la préférence des jeunes pour le « Tchin-Tchin » pourrait aussi être perçue comme l’expression même du libre choix. Autant les présidents de club ont décidé d’élire leur candidat à la tête de la FIF, autant les supporters peuvent choisir d’aller ou non au stade.
« On pourrait parler d’une forme de vengeance des supporters, mais ça ne tient pas. La population fait ce qu’elle veut. Et elle a toujours raison. La FIF doit s’adapter ou savoir négocier pour emmener tout le monde dans sa direction », exhorte Bini Roland.
Si le championnat national s’étend sur une saison entière, la compétition de maracana « Tchin-Tchin » elle, connaîtra son apothéose dans quelques jours. Les supporters pourront peut-être en ce moment-là, décider de retrouver les gradins du stade Champroux de Marcory.