C’est encore à l’étape de réflexion. À terme, si l’idée est validée, on devrait voir les Ivoiriens se vêtir de plus en plus en tenues locales.
L’objectif selon Souleymane Diarrassouba, le ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, est de promouvoir et de valoriser les produits fabriqués localement. La filière textile et habillement est le secteur concerné. L’instauration du port de tenues made in Côte d’Ivoire dans l’administration publique et privée, soutient le ministre qui a procédé au lancement d’un atelier sur la question le mardi 25 octobre à Grand-Bassam, s’inscrit dans la dynamique du développement de la chaîne de valeur de la filière. Mais au-delà de l’aspect économique, l’Ivoirien est-il disposé à porter au quotidien ces tenues produites localement ?
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Dr Kouakou Yao Albert est enseignant-chercheur en Sciences sociales à l’université Lorougnon Guédé de Daloa. Il répond par l’affirmative. Pour lui, et pour des raisons de valorisation des cultures locales, les Ivoiriens devraient le faire.
« La culture est composée d’éléments qui traduisent l’identité d’un peuple. C’est d’ailleurs pour cette raison que généralement pour les mariages traditionnels, les fiancés arborent les tenues de leur groupe ethnique. Les tailleurs, jupes, robes et costumes que nous portons au quotidien sont l’expression de la valorisation de la culture occidentale au détriment de la culture africaine et ivoirienne. La tenue vestimentaire et la langue parlée sont des éléments significatifs des aspects culturels d’un peuple. Pour mémoire, je cite les tenues vestimentaires du panafricaniste feu Kwame Nkrumah et Jean Marie Adiaffi. La Côte d’Ivoire est riche en culture et en tenue traditionnelle, car chaque grand groupe ethnique de ce pays a une façon très spécifique de se vêtir. Au Bénin, il y a un jour dans la semaine où tous les fonctionnaires portent la tunique. La Côte d’Ivoire peut valoriser sa culture par le port de tenues typiquement issues de la culture ivoirienne », analyse-t-il pour 7info.
Pour ce qui est de l’instauration ou non des tenues locales, l’universitaire ivoirien estime que les décisions de l’administration s’imposent au personnel de l’administration.
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« Tout est une question de volonté politique. Si donc nos gouvernants veulent que le personnel de l’administration ivoirienne s’habille en tenue provenant de la culture ivoirienne, cela sera appliqué. Les Ivoiriens portent déjà des tenues traditionnelles pour aller au service. J’en veux pour preuve, le pagne Baoulé, les boubous sénoufo ou Yacouba », dit-il.
En Côte d’Ivoire, en moyenne, une soixantaine d’ethnies sont répertoriées. Chacune à son mode de vie et surtout son style vestimentaire qui lui est spécifique. La question est donc de savoir laquelle des tenues traditionnelles pourrait être instaurée ?
« Il n’est pas question d’instituer une seule tenue vestimentaire, mais d’instituer le port de tenues traditionnelles. Vu que nous avons plusieurs régions et des semaines de travail, dans l’optique de faire la promotion de nos tenues traditionnelles, on peut instaurer le port de tenues traditionnelles provenant de chaque région. Par exemple, on peut dire pour tel jour de la première semaine, du mois, la tenue traditionnelle est le boubou Yacouba : nous avons le modèle homme et le modèle femme. Pour la deuxième semaine du mois, le pagne Baoulé etc », propose Dr Kouakou Yao Albert.
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La conséquence de cette situation, fait savoir l’expert sociologue ivoirien, sera un regain économique pour les artisans et les tisserands. Car, l’instauration du port de la tenue traditionnelle va permettre aux artisans et tisserands ivoiriens dans les régions, de produire plus de tenue étant donné que chaque personne de l’administration ivoirienne, devra avoir dans sa garde-robe, au moins une tenue traditionnelle de chaque région du pays.
Par ailleurs, ça sera une belle occasion d’amener la Baoulé à porter une tenue Sénoufo, le Sénoufo, à porter une tenue baoulé.
Richard Yasseu