Tidjane Thiam ne cache pas sa déception. Radié de la liste électorale ivoirienne par le tribunal de première instance d’Abidjan, le candidat du PDCI à la présidentielle d’octobre 2025 dénonce un « déni de justice » et appelle au dialogue politique pour préserver l’intégrité du processus électoral.
La décision, rendue ce mardi, estime que Thiam a perdu sa nationalité ivoirienne lors de l’acquisition de la nationalité française en 1987, conformément à l’article 48 du Code de la nationalité. Cela le rend inéligible, faute d’être électeur.
Mais les avocats de Tidjane Thiam contestent cette lecture du droit. Ils soutiennent que leur client est né Français, de sorte qu’il aurait été binational dès la naissance, et ne pouvait donc « perdre » une nationalité qu’il n’aurait jamais acquise par naturalisation.
« Nous avons présenté des documents administratifs allant dans ce sens », a précisé Me Rodrigue Dadjé, avocat de Thiam, avant d’ajouter : « Nous respectons la décision de la juge, mais nous ne la partageons pas. »
Dans un communiqué publié dans la soirée, Thiam appelle au dialogue et à un apaisement du climat politique : « Nous demandons instamment à toutes les parties de s’engager dans un dialogue constructif afin que le scrutin d’octobre soit conforme aux normes internationales et que personne ne soit exclu du processus électoral. »
Au-delà de son cas personnel, Tidjane Thiam s’inquiète d’un précédent qui pourrait fragiliser la confiance dans les institutions électorales.
Désigné candidat unique du PDCI, il se retrouve aujourd’hui exclu du processus, sans possibilité de recours pour contester sa radiation. Une situation d’autant plus floue que l’ancien patron du Crédit Suisse a renoncé à la nationalité française pour se conformer aux critères d’éligibilité. La justice ne s’est toutefois pas prononcée sur la validité actuelle de cette démarche, laissant son statut civique dans le flou.
Tristan SAHI