Ce 4 décembre devrait être la date de déclenchement d’un mouvement de « libération totale » de la Côte d’Ivoire. Après quelques voyages, nous avions décidé de prendre place pour voir ce qui allait se passer dans cette ville ce jour.
Et pour cause. Mi-novembre, un mototaxiste nous informe qu’une femme qui a payé un pas de porte pour un magasin au quartier Zone, s’est rétractée et abandonné le magasin. Elle y avait effectué des travaux. La raison, son mari lui a fait savoir que « ça va chauffer à partir du 4 décembre à Bouaké et ce jusqu’au 17 février. »
Un contact, anciennement membre du conseil régional de sécurité révèle qu’un commerçant du grand marché lui a indiqué des intentions d’achat « bizarres ». « Une de mes clientes est venue faire des emplettes peu ordinaires. A la question de savoir si c’est pour la fête, elle rétorque que son mari à Abidjan le lui a demandé car il y aura deux mois de troubles, plus que ceux du 19 septembre 2002, avant la libération du pays. » Pour donc se mettre à l’abri de toute surprise, cette femme est venue faire ses emplettes.
C’est avec les femmes que la peur se ressent le plus. Une autre, ce lundi 3 décembre interpelle sa sœur afin de ne pas sortir loin de sa cour et surtout de bien s’informer avant que les enfants n’aillent à l’école. Cette dernière que nous rencontrons ne cache pas sa peur d’aller faire une course à Kennedy, à l’autre bout de Bouaké.
« Nous avons mis en place un dispositif de veille depuis longtemps » révèle un officier membre de la cellule de prévention mise en place par le Préfet de région, lui-même militaire, Tuo Fozié.
Un tour dans la ville hier nuit n’a pas permis de déceler un dispositif sécuritaire particulier. Mais, la psychose couvre Bouaké.
A la base de cette envahissante peur qui a gagné la population, des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux par des individus, qui depuis l’Europe, repus et bien au frais, soufflent sur l’illusion d’une possibilité de chasser Alassane Ouattara par un mouvement armé. Le réseau local de ces activistes qui n’ont de courage que derrière des claviers, fait le reste du travail. Objectif, faire croire que rien ne va dans le pays. La ville d’appui est vite trouvée : Bouaké qui depuis la rébellion passe pour être la cité rebelle où toutes les vilaines choses se passent.
En tout cas, en attendant la réaction officielle et forte de la ministre de l’Education Nationale, de la formation professionnelle et de l’enseignement technique face à la menace d’anticipation des congés de Noël par les élèves, autre souci qui alourdit ici l’atmosphère sociale, rien de bien grave.
La tendance est aux préparatifs des fêtes de fin d’année. Et quelques travaux de réfection de voies sont en cours comme constaté par Pôleafrique.info sur l’axe gare de Sakassou-carrefour du 2è arrondissement de police de Koko, juste à côté de l’ancienne gare de STIF.
Les perdrix, agoutis et lièvres abondent déjà dans les maquis entre 2500 F et 7000 F. Sur les marchés, le « gnangnan » est à profusion et l’igname, toutes variétés confondues est accessible. Le menu des fêtes se met en place contrairement aux bas instincts de quelques vils individus qui ne songent qu’à semer la psychose dans le pays. A Bouaké, la vie suit son cours tranquille.
Adam’s Régis SOUAGA à Bouaké
Source : rédaction Pôleafrique.info