Ce lundi 20 janvier 2025, Donald Trump prend officiellement fonction pour un second mandat à la Maison Blanche, après avoir remporté l’élection présidentielle de 2024. Pour l’Afrique, ce retour à la tête des États-Unis est synonyme d’incertitude. Si certains pays saluent son retour en raison d’intérêts géopolitiques et économiques spécifiques, la majorité s’interroge sur les répercussions de ses décisions sur les relations avec le continent. Les États-Unis jouent un rôle crucial dans l’aide au développement en Afrique, et les priorités de Trump pourraient bouleverser un équilibre déjà fragile.
Les aides et investissements menacés ?
L’Afrique bénéficie de milliards de dollars d’aide en provenance des États-Unis, qui soutiennent des projets de développement essentiels.
Selon les dernières estimations, les États-Unis ont investi près de 3,7 milliards de dollars dans le continent en 2024.
Cependant, la politique de Donald Trump lors de son premier mandat a été marquée par une réduction de certaines aides et une réorientation vers un modèle plus nationaliste et protectionniste.
Sous Trump, les investissements américains en Afrique ont été jugés insuffisants par de nombreux observateurs.
Si certains projets comme le corridor de Lobito, en Afrique centrale, ont eu des retombées positives, la tendance globale était plutôt à la mise en veille de certaines initiatives, voire à leur abandon.
Avec son retour à la Maison Blanche, l’avenir de ces engagements reste incertain.
Les analystes estiment que la vision isolationniste de Trump pourrait signifier une diminution des investissements, notamment dans les infrastructures et le secteur des matières premières, cruciales pour des pays comme la République Démocratique du Congo et la Zambie.
La loi Agoa, un levier sous tension
La loi sur la Croissance et les Opportunités économiques en Afrique (Agoa), entrée en vigueur en 2000, permet aux pays africains éligibles d’exporter certains produits vers les États-Unis sans taxes douanières.
Ce programme a été un moteur pour les exportations de nombreuses économies africaines, dont le Kenya, dont les exportations vers les États-Unis ont fortement augmenté grâce à cette loi.
Toutefois, la question se pose : Donald Trump, qui avait déjà exprimé son scepticisme quant à l’efficacité de l’Agoa, pourrait-il décider de ne pas renouveler ce programme à son expiration prévue en 2025 ?
Un tel changement mettrait en péril les économies africaines qui dépendent fortement de l’accès au marché américain.
Protectionnisme et impacts économiques, l’Afrique en ligne de mire
Lors de sa campagne présidentielle de 2024, Trump a annoncé son intention de mettre en place un droit de douane universel de 10 % sur tous les produits importés.
Si cette politique se concrétise, elle risquerait de rendre les produits africains plus chers sur le marché américain, réduisant ainsi les exportations en provenance du continent.
Pour de nombreux producteurs africains, l’introduction de telles taxes pourrait entraîner une chute des ventes, surtout pour les pays qui dépendent de l’Agoa pour accéder aux États-Unis sans droits de douane.
L’immigration, une politique stricte affectant l’Afrique
Les préoccupations de l’Afrique ne se limitent pas aux questions économiques.
Trump a clairement exprimé sa volonté de durcir les politiques migratoires, et son retour à la présidence pourrait avoir des répercussions directes sur les flux migratoires en provenance du continent.
En 2023, plus de 58 000 Africains ont été enregistrés aux frontières des États-Unis, un chiffre en forte augmentation par rapport aux années précédentes.
Trump a déjà mis en place des restrictions sévères contre l’immigration en provenance de certains pays africains comme le Nigeria, l’Érythrée ou encore le Soudan.
En cas de nouvelles mesures restrictives, les migrants africains, notamment ceux fuyant la pauvreté ou les conflits, risquent de se retrouver encore plus vulnérables à des politiques d’expulsion ou de discriminations.
L’Afrique face à une ambiguïté stratégique
Si le retour de Donald Trump à la Maison Blanche soulève des inquiétudes sur l’avenir de l’Agoa et des investissements américains en Afrique, certains pays du continent nourrissent aussi des espoirs.
C’est le cas du Maroc, qui espère des avancées sur la question du Sahara occidental, ou de la République Démocratique du Congo et de la Guinée, riches en ressources minières, qui pourraient voir des opportunités de partenariats renforcés avec les États-Unis sous la présidence de Trump.
Mais dans l’ensemble, l’Afrique reste partagée, oscillant entre crainte d’une politique plus dure et la recherche de nouveaux avantages géopolitiques.
Un équilibre fragile à maintenir
Alors que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche inquiète de nombreux dirigeants africains, il n’en reste pas moins que la diplomatie internationale du président américain pourrait aussi ouvrir la voie à de nouvelles alliances stratégiques.
Dans ce contexte, l’Afrique devra naviguer avec prudence, cherchant à défendre ses intérêts tout en tentant de tirer parti des opportunités qui se présenteront sous le mandat de ce président au caractère unique.
Tristan Sahi