L’acquittement de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé avait-il sonné la fin du dossier ivoirien devant la Cour pénale internationale (CPI) ? Un an après, les regards sont toujours tournés vers cette juridiction internationale.
31 mars 2021-31 mars 2022, voilà un an que la Cour pénale internationale (CPI) a acquitté Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé des charges de crimes de guerre et crimes contre l’humanité qui étaient retenus contre eux. La Cour venait ainsi de clore le dossier concernant ces deux personnalités ivoiriennes qui étaient accusées pour des violences enregistrées pendant la crise postélectorale de 2010-2011 dont le bilan est de 3000 morts.
Un an après, l’ex-chef de l’État est de retour dans son pays la Côte d’Ivoire. Il y a repris sa vie politique avec la création d’un nouveau parti politique. Ce retour le 17 juin 2021, et avant, l’acquittement, on se rappelle avaient suscité des réactions. Principalement d’une organisation de victimes de la crise postélectorale. Ce retour, on se rappelle également qu’il avait suscité de la joie chez les partisans de l’ancien dirigeant ivoirien, pour qui les auteurs des crimes commis étaient désormais à chercher ailleurs. Posant ainsi la question de la suite à donner aux crimes commis pendant cette période de violence.
Seulement depuis l’acquittement, alors que Laurent Gbagbo vient d’achever sa première année en liberté, plus de réactions de la CPI concernant les crimes commis en Côte d’Ivoire. L’acquittement prononcé mettait-il fin au traitement du dossier ivoirien devant la CPI ? Non, fait savoir Dr Geoffroy-Julien Kouao, politologue et écrivain.
« L’affaire CPI contre Laurent Gbagbo et Blé Goudé est close. L’acquittement des deux accusés est définitif, il n’y a plus de voie de recours possible. Cette décision d’acquittement a autorité de la chose jugée. C’est fini, c’est terminé. Cependant, la CPI peut toujours enquêter sur la crise ivoirienne et déférer devant elle des ivoiriens présumés coupables. Pour cela, la CPI aura besoin de la collaboration de l’État ivoirien. Or, la Côte d’Ivoire a affirmé qu’elle n’enverrait plus ses ressortissants à la CPI. D’où la difficulté. Mais, attention, il n’y a pas de prescription à la CPI, donc à tout moment la haute juridiction internationale peut réactiver le dossier ivoirien », analyse pour 7info l’universitaire.
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Pour les défenseurs des droits de l’homme, la Cour pénale internationale doit continuer son travail pour la manifestation de la vérité. Surtout pour la mémoire des victimes de cette crise. « La CPI n’a pas achevé son travail. Il y a comme un goût d’inachevé surtout pour les victimes ivoiriennes. Et là, il ne s’agit pas de victimes d’un camp au détriment d’autres victimes… Aujourd’hui le président Laurent Gbagbo et le ministre Charles Blé Goudé ont été acquittés. La logique voudrait que nous regardions de l’autre côté pour voir où se trouvent les vrais coupables de tous les crimes que la Côte d’Ivoire a connus », analyse pour 7info Dr Boga Sako Gervais, le président de la Fondation pour les droits de l’homme et la vie politique (Fidhop).
Le procès à la CPI contre Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé a duré environ dix ans. Plus de 80 témoins à charge ont défilé à la barre.