Après la création de la chambre de commerce et de sa cour d’appel rattachée, le gouvernement ivoirien vient de marquer une fois de plus un grand pas dans l’assainissement et la lutte contre la corruption dans le milieu des affaires, par la création d’un Pôle Pénal Economique et Financier.
Longtemps annoncé, ce pôle financier est rentré dans sa phase de structuration ce mercredi 29 janvier 2020, lors du Conseil des Ministres.
D’après le communiqué final lu par Sidi Tiemoko Touré, porte-parole du gouvernement, « le Conseil a adopté un décret portant création, attributions, organisation et fonctionnement du Pôle Pénal Economique et Financier.
Le Pôle Pénal Economique et Financier est une instance judiciaire spécialisée, dédiée aux enquêtes, aux poursuites et aux instructions des infractions économiques et financières d’une gravité ou d’une complexité particulière en raison notamment du caractère transnational de celles-ci, de l’importance des flux financiers et des conséquences qui en découlent.
Compte tenu des résultats concluants de cette instance judiciaire mise en place au Tribunal de Première Instance d’Abidjan plateau à titre expérimental depuis 2017, ce décret en formalise et en consolide l’existence.
« La compétence territoriale du Pôle Pénal Economique et Financier, dirigé par un Vice-président du Tribunal de Première Instance d’Abidjan plateau, couvre l’ensemble du territoire national » précise le communiqué.
Dr KOUAME Christophe, le président de CIVIS Côte d’Ivoire (une Association d’éducation à la citoyenneté, à l’écocitoyenneté et à la promotion et à la défense des droits humains) joint par 7info salue cette initiative du gouvernement.
« la société civile, c’est-à-dire les ONG de lutte contre la corruption ont souhaité depuis longtemps qu’un pôle financier soit mis en place par le gouvernement à travers la nomination d’un procureur. Et c’est chose faite. Donc nous nous en félicitons pour plusieurs raisons.
« D’abord spécifiquement et techniquement, nous allons avoir une cellule qui va traiter les problèmes de corruption et d’infraction assimilée en Côte d’Ivoire. Cela va permettre de rendre efficace tout le dispositif de lutte contre la corruption qui existe déjà » fait-il savoir.
Dr Kouame Christophe soutient que » c’est un signal envoyé à la communauté nationale, à tout ceux qui jusque là étaient sceptiques concernant l’orientation du gouvernement face à la lutte contre la corruption. »
Il estime que sur le plan » Sur le plan international, c’est aussi un signal envoyé aux investisseurs qui vont venir investir dans notre pays. Ils auront un pôle financier spécifique auquel ils pourront faire appel dans le cadre d’une suspicion ou d’une possibilité de fraude dans leurs travaux » a déclaré Dr KOUAME lors de l’entretien avec 7info.
Cependant il n’a pas manqué de souligner les points d’ombre qui vont nuire à la bonne marche de ce pôle financier. Hormis la nomination d’un procureur pour la lutte contre la corruption, les deux autres plaidoiries à savoir le décret pris par le président de la République pour la loi de protection des témoins, des dénonciateurs, des experts et leurs familles et le document de stratégie nationale de lutte contre la corruption n’ont encore été pris en compte.
Mohamed CAMARA, stagiaire