Quelles explications données aux mouvements d’humeur contre la communauté nigérienne observés dernièrement dans des villes ivoiriennes, dont Abidjan ? Un expert en sociologie analyse ces événements.

Il n’y a aucun sentiment de rejet de l’étranger derrière les récentes émeutes qui ont éclaté à Abidjan. C’est le regard que porte Dr. Yao Albert, enseignant-chercheur en Sociologie à l’université Lobognon Guédé de Daloa au centre ouest de la Côte d’Ivoire.

Joint par 7info, l’universitaire indique que ces mouvements sont plutôt l’expression d’un manque de considération mutuelle.

« Il n’y a pas de relents xénophobes derrière ces émeutes, mais la manifestation d’un ras-le-bol des Ivoiriens. Ils estiment que parce qu’ils font l’effort de bien accueillir et bien traiter les ressortissants des autres pays, le bon sens voudrait qu’en retour, leurs compatriotes soient aussi bien traités lorsqu’ils sortent de chez eux », analyse-t-il non sans faire remarquer que l’argument mis en avant dans ce cas de figure pour ces émeutes à Abidjan n’est pas fondé.

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Le mercredi 19 mai 2021, la publication d’une scène de tortures sur les réseaux sociaux a été interprétée comme un traitement infligé à des ressortissants ivoiriens au Niger.

Devenue virale, la vidéo a suscité une vendetta. Des émeutes ont éclaté dans plusieurs communes d’Abidjan et certaines villes de l’intérieur du pays, contre des ressortissants nigériens. En réalité, il s’agissait d’une fausse information.

L’élément filmé et qui date a été fait au Nigeria et non au Niger. En outre, selon des explications d’un journaliste basé à Niamey, les individus qui recevaient ces traitements sont des membres du groupe terroriste Boko Haram.

En Côte d’Ivoire, ce n’est pas la première fois que des soulèvements contre des ressortissants de pays étrangers ont lieu. Dans les années 1990, suite à des exactions commises sur les joueurs de l’équipe de l’ASEC d’Abidjan au cours d’une rencontre de football à Accra, des Ivoiriens ont saccagé d’abord les biens de ressortissants du Ghana en Côte d’Ivoire et cela s’est étendu aux biens des communautés étrangères.

Les mêmes faits se sont répétés 2010 avec le fameux mot d’ordre « à chacun son Français ». Pour le Dr. Yao Albert,  « si ces violences n’arrivent pas régulièrement, c’est parce que les Ivoiriens mettent en pratique leur hymne national qui fait de la Côte d’Ivoire un’ « pays de l’hospitalité' ».

Selon un bilan officiel, ces troubles ont fait un mort, des blessés et de nombreux dégâts matériels. Une vingtaine de personnes ont déjà été interpellées.