Trump n’aura pas eu sa « vague rouge », couleur associée au camp républicain, mais le trumpisme aura tenu bon. On constate d’ailleurs un double ancrage. D’abord celui du président au sein de son parti. Les élus républicains soutenus par le président ont gagné et doivent leur victoire au premier. Ensuite celui de son parti dans les terres intérieures du pays, les votes républicains n’ayant pas été dispersés. Le mouvement incarné par Trump semble être là pour durer. Toutefois, un congrès divisé est synonyme de fin de mandat mouvementée.
C’est généralement le cas. Lors des midterms, élections de mi-mandat, le parti du président perd la majorité. On se souvient de Barack Obama qui perd en novembre 2014 sa majorité démocrate au Sénat ou du républicain George W. Bush qui, en 2006, perdait sa majorité à la Chambre des représentants. C’est aujourd’hui le président Donald Trump qui n’échappe pas à cette tradition. Il ne conservera pas sa majorité dans les deux Chambres. Ainsi, le parti républicain perd sa majorité à la Chambre des représentants mais conserve le Sénat et s’y renforce.
Renouvelée entièrement, le fait que Trump n’ait pas réussi à garder la chambre basse prouve qu’il n’a pas gagné l’adhésion majoritaire de son peuple, à l’heure où le chômage est à son plus bas niveau et où les salaires augmentent. Premier désaveu. Avec une majorité d’élus démocrates à la Chambre des représentants, plusieurs mesures emblématiques du programme du Président pourraient être bloquées. Par exemple, il sera compliqué pour lui de faire abroger la réforme de l’assurance-maladie « Obamacare », de faire mener jusqu’au bout sa politique migratoire ou encore de toucher aux budgets concernant les programmes environnementaux. Il peut surement d’ores et déjà tirer une croix sur son projet de mur à la frontière mexicaine, qui avait déjà été refusé par la majorité républicaine en raison du coût.
Ce qui est mauvais pour Trump, c’est que les démocrates prendront désormais la tête de comités à la Chambre ce qui leur permettra de lancer ou de faire accélérer des enquêtes contre lui, notamment celle sur l’implication russe lors de la présidentielle de 2016 ou plus récemment sur sa fiscalité.Dernier point noir pour Trump. Aux État-Unis, c’est la Chambre des représentants qui vote le budget de l’État. Il va falloir négocier, faire des compromis.
Contrairement à sa traditionnelle politique de la division, Trump a, lors d’une conférence de presse, directement appelé les démocrates et les républicains à aller dans la même direction. « Avec un peu de chance nous pourrons tous travailler ensemble l’an prochain pour continuer à obtenir des résultats pour le peuple américain. Ce sera plus facile, parce que désormais les démocrates vont venir nous voir avec un plan sur les infrastructures, un plan pour la santé, un plan pour tout ce qui pourrait les intéresser, et nous allons négocier ».
Au delà de la simple politique, c’est deux Amériques qui se retrouvent face à face. Sur les côtes, une Amérique moderne et progressiste acquise majoritairement aux démocrates. À l’intérieur, une Amérique rurale et conservatrice acquise dans presque sa totalité au parti républicain. Ce qu’il faut néanmoins mettre en avant, c’est l’apparition de nouveaux visages élus, et notamment des femmes. Dans tout le pays, des femmes se préparent à entrer au Congrès. Pour la plupart démocrates, ce sera leur première expérience politique. Elles sont infirmières, ingénieurs, médecins. Pied de nez au président souvent accusé de sexisme. Parmi elles, la démocrates Alexandria Ocasio-Cortez fait sensation en devenant à 29 ans la plus jeune élue du Congrès. On observe aussi entrer à la Chambre des représentants deux musulmanes ainsi que deux amérindiennes, des premières.
À noter enfin une hausse de la participation même si cette dernière s’élève à 49% selon CNN. Mais c’est toutefois en nette hausse par rapport aux derniers midterms. En 2014, 83 millions de personnes votaient, soit 37% de la population électorale. Mardi, 113 millions d’Américains se rendaient aux urnes. Une mise en garde, bien qu’habituelle, adressée à un président trop souvent accusé de polariser la vie politique. Il devra maintenant composer avec tous, et toutes.
Victor Merat, stagiaire
Poleafrique.info