Qu’est-ce qui peut pousser un adulte à abuser sexuellement d’une fillette ? Yves-Martial N’guessan Bédi, un psychologue praticien fait un descriptif de l’état d’esprit des auteurs de ces cruautés.
Le nombre de viols des fillettes s’accroît en Côte d’Ivoire. En une semaine, une mineure de 16 ans a été victime de viol collectif, dans la région d’Agboville (sud), une autre âgée de 12 ans a subi les assauts d’un homme de 40 ans à Bouna (nord-est), à Gueiossiepleu (ouest) une fillette de 6 ans a été la cible d’un délinquant sexuel, à Dimbokro, la petite Bouassa Ahou Roxane appelée Grâce, âgée de 3 ans qui a été violée a succombé à ses blessures.
Ces faits d’une extrême gravité ont fini par irriter la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Professeur Ly Ramata. « Désormais, le viol des enfants, c’est la prison à vie », a-t-elle menacé en fin de semaine dernière.
Pour comprendre les causes de ce phénomène qui prend de l’ampleur en Côte d’Ivoire, 7info.ci a rencontré Yves-Martial N’guessan Bédi, diplômé en Psychologie à l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan Cocody. D’après ce praticien, cette cruauté envers les enfants tire d’abord sa source dans la société ivoirienne qui a « besoin de se faire psychanalyser ».
Selon l’expert, les lois sont foulées aux pieds, et cette défiance à l’égard des normes sociétales constitue l’une des principales causes de cette forme de criminalité.
« Ces crimes sexuels sont la résultante d’une société dont les règles sont bafouées. Imaginez-vous des personnes qui ont fait des études et qui n’arrivent pas à réaliser leurs rêves du fait de la corruption qui gangrène ce pays depuis plus de trois décennies ou qui sont issues de couches défavorisées. Cela peut entraîner la variabilité au niveau de ces personnes qui parfois se sentent rejetées par la société. Elles se sentent fragiles et n’aiment pas être frustrées. Privées des délices de la société, elles sont prêtes à tout pour satisfaire leurs envies sexuelles sur des personnes encore plus vulnérables. Raisons pour lesquelles, ces délinquants sexuels déversent leur dévolu sur les mômes », analyse pour 7info.ci le psychologue.
Yves-Martial N’guessan Bédi, ajoute en outre qu’il ne faut pas négliger une autre cause : celle qui relève de la métaphysique. « Violer une fillette de 3 ans, ce n’est pas pour le plaisir sexuel, cela s’apparente plutôt à un acte rituel. Dans leur quête effrénée d’argent, les jeunes aujourd’hui n’hésitent pas à commettre des actes ignobles », soutient-il.
L’aggravation des peines comme le suggère la ministre Ly Ramata peut-elle faire changer de comportement aux auteurs de ces crimes ? » Si l’Etat prend une telle décision sans passer par la sensibilisation, il n’est pas certain que le résultat souhaité soit obtenu. Il faut d’abord procéder par la sensibilisation de toute la population, pour expliquer les dangers auxquels s’exposent les auteurs de ces actes. Ensuite, sanctionner les contrevenants« , propose le spécialiste.
Il invite les autorités à recourir aux spécialistes que sont les psychologues, les sociologues, les psychanalystes…, pour juguler le mal à la racine.
Arnaud Houssou
7info.ci